Fiscalité

Les acteurs du marché de l’art américain inquiets des taxes sur les importations en provenance de Chine

Par Elise Kerner-Michaud · lejournaldesarts.fr

Le 3 septembre 2018 - 466 mots

NEW YORK / ETATS-UNIS

Une enquête du New York Times auprès des professionnels du marché de l’art montre leurs craintes concernant la nouvelle taxe.

Art chinois dans le Metropolitan Museum of Art, à New York.
Art chinois dans le Metropolitan Museum of Art, à New York.
Photo sailko

Au début du mois d’août, Donald Trump avait annoncé étendre les frais de douane à hauteur de 25%, aux importations d’art en provenance de Chine, suscitant immédiatement quelques inquiétudes parmi les spécialistes de l’art asiatique. Le New York Times a interrogé plusieurs personnalités de différents secteurs du marché de l’art, qui s’accordent à penser que la mesure peut porter préjudice à leurs activités.
 
Les galeries spécialisées en art asiatique sont naturellement les premières concernées et plusieurs marchands déclarent que leurs activités risquent d’être largement affectées par la décision du président. Jeffrey Deitch explique que l’exposition « Zodiac » présentant des œuvres d’Ai Weiwei, et prévue le mois prochain dans sa nouvelle galerie de Los Angeles, n’échappera à la taxe que parce que l’atelier de l’artiste est situé en Allemagne où il réside. Si ces œuvres avaient été produites en Chine, 25% de leur valeur, estimée à 2,9 millions de dollars (2,5 millions d’euros) auraient ainsi dus être payés à l’Etat fédéral.
 
De son côté, Marc Glimcher, président de la galerie Pace à New York, se réjouit que l’exposition proposant 11 nouvelles œuvres de Zhang Xiaogang, artiste basé à Pékin, soit prévue le 7 septembre avant l’entrée en vigueur de la loi. Rappelant que les prix sont déjà taxés par l’Etat de New York à hauteur de 9%,  il ajoute : « Si nous avions dû augmenter les prix de 25% supplémentaires, il aurait été très compliqué de vendre ».
 
Sotheby’s, Christie’s et l’association Asia Week New York ont rédigé une note expliquant qu’une telle mesure touchera le marché américain sans provoquer de changement des pratiques et politiques en Chine qui ne sera pas directement touchée par cette taxe à l’importation. En effet, les importations d’art produit en Chine (et donc soumis à la taxe) arrivent le plus souvent aux Etats-Unis après avoir transité par d’autres pays. Les marchands signalent par ailleurs que les acheteurs et vendeurs d’art asiatique aux Etats-Unis risquent de devenir hésitants, alors que ce secteur des enchères était en pleine croissance, avec une hausse de 62% en valeur en 2016. 

L’inquiétude générale est confirmée par Peter Tompa, avocat représentant deux groupes travaillant avec des musées, marchands et collectionneurs. A l’occasion d’une série d’audiences publiques à Washington, il a expliqué aux membres du comité des affaires les conséquences pratiques de la taxe. La lenteur des transactions et du renouvellement des produits, spécifique au marché de l’art, impose des capitaux de départ importants qu’une hausse de 25% des prix rendrait difficiles à lever. Il rappelle par ailleurs que le marché est déjà fragilisé par une décision de justice datant de juillet dernier concernant les taxes sur les ventes entre Etats au sein du pays. 

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