Galerie

Pace ferme sa galerie à Pékin

Par Sindbad Hammache · lejournaldesarts.fr

Le 11 juillet 2019 - 488 mots

PEKIN / CHINE

Pionnière en Asie, Pace ferme sa galerie pékinoise dans un contexte de tension commerciale entre la Chine et les Etats-Unis.

La galerie Pace à Pékin, 2012. © Photo Weixi Zeng, CC BY-SA 3.0.
La galerie Pace à Pékin, 2012.

Alors que les galeries d’art occidentales ont multiplié les inaugurations en Asie ces dix dernières années, Pace fait le chemin inverse en annonçant la fermeture de sa galerie de Pékin. Une décision considérée par certains comme un signe inquiétant pour le futur du marché de l’art en Chine continentale, au profit de Hongkong. 

Le symbole est d’autant plus fort que Pace fut, en 2008, la première grande galerie à ouvrir un espace en Asie. Pour Arne Glimcher, fondateur de la galerie, « il est impossible de faire du business en Chine continentale en ce moment ». Des propos qui font écho aux tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis : « le coup de grâce, c’est la taxe à l’importation de Trump sur les artistes chinois qui viennent dans ce pays [les Etats-Unis] et celle imposée par Xi Jinping pour les Américains venant en Chine. » a-t-il indiqué dans une interview. La galerie new-yorkaise conserve tout de même un bureau et un showroom privé dans la capitale chinoise.

Pour le galeriste new-yorkais, la campagne anti-corruption du président chinois freine les acheteurs, « les gens ont peur de montrer ostensiblement leur richesse, et les Chinois n’achètent pas en Chine », déplore-t-il. Dans ce contexte, Hongkong s’impose comme le centre de gravité du marché de l’art asiatique : les collectionneurs chinois viennent y profiter d’un climat plus propice aux affaires, où les taxes douanières ne sont pas les mêmes et la législation commerciale plus souple qu’en Chine continentale. 

Durant les années 2010, les galeries occidentales se sont implantées dans la baie de Hongkong bien plus qu’en République Populaire de Chine : 12 grandes galeries y ont pignon sur rue, alors que Pace est restée, 10 ans durant, la seule galerie occidentale implantée à Pékin. Art Basel Hongkong, qui se tient depuis 2013, complète le tableau d’une place de marché active.

Sur Twitter, le directeur du centre d’art contemporain pékinois UCCA, Philip Tinari, déplore cette fermeture, tout en essayant de tempérer les interprétations catastrophistes : « L’idée d’une galerie internationale ouvrant un espace en dur à Pékin […] a toujours été compliquée. La censure a toujours été un problème. Les droits de douanes étaient mêmes plus élevés auparavant qu’aujourd’hui »

Le contexte actuel servirait-il alors de prétexte à Pace ? Pour Philip Tinari, malgré les difficultés qu’imposent Trump et Xi, parler de « monde de la culture sacrifié » comme le fait Arne Glimcher, est exagéré. Le directeur de l’UCCA préfère voir le verre à moitié plein : il souligne l’émergence d’un public chinois amateur d’art toujours plus nombreux. « D’ailleurs c’est l’énorme succès de l’exposition payante de Pace Beijing en 2017 qui nous avait révélé l’apparition de ce nouveau public », ajoute-t-il. Cet été, son exposition Picasso à l’UCCA, attire chaque jour des milliers de visiteurs chinois.    
 

Thématiques

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque