New York signe son meilleur niveau depuis deux ans et rassure l’ensemble du marché.
New York. Les ventes new-yorkaises qui se sont déroulées du 17 au 21 novembre ont créé un véritable « feu d’artifice », dépassant les attentes et offrant au marché de l’art son moment le plus dynamique depuis deux ans. Le volume global s’est envolé, porté par de nombreux lots franchissant les 10 millions de dollars, démontrant une capacité d’absorption surprenante.
Sotheby’s (1,17 M$, soit un peu moins en euros), Christie’s (963,8 M$) et Phillips (91,9 M$) totalisent près de 2,23 milliards de dollars frais compris, en hausse de 70 % sur un an, avec des taux de vente compris entre 82 % et 100 % – dont six ventes intégralement adjugées chez Sotheby’s. Au total, sur 20 vacations (1 733 lots), 73 % des œuvres se sont vendues dans leur estimation ou au-dessus, signe d’une embellie du marché..
« Après deux années de vaches maigres, une frustration et une envie d’acheter se sont libérées, rappelant l’effervescence post-confinement », observe le conseiller en art impressionniste et moderne Thomas Seydoux. Même diagnostic pour le marchand et conseiller Christian Ogier, qui souligne que « cette semaine a marqué la fin d’une période de retenue prudente. Côté vendeurs, les successions sont revenues sur le marché, notamment en raison des incitations fiscales new-yorkaises ; côté acheteurs, l’arrivée d’œuvres majeures a déclenché une ruée des Américains fortunés ».
Ce redressement s’explique d’abord par la confiance retrouvée des vendeurs, qui ont consigné plusieurs collections historiques, envoyant un signal international fort. « Les collections Pauline Karpidas, les résultats de Londres, puis de Paris, ou encore le Picasso vendu à Drouot ont rassuré ; si des collectionneurs ont confié leurs ensembles aujourd’hui, c’est qu’ils n’étaient pas inquiets du marché », souligne Thomas Bompard, spécialiste Senior en art impressionniste et moderne chez Sotheby’s. Plusieurs collections d’importance ont été mises en vente : A. Lauder (527,5 M$, garantie à 400 M$) et Pritzker (109 M$) chez Sotheby’s, ou Weiss (218 M$) chez Christie’s. Cette concentration d’œuvres inédites et désirables a enclenché un cercle vertueux : quasiment toutes ont trouvé preneur, confirmant la disponibilité des capitaux et l’appétit d’acheteurs suivant l’offre haut de gamme. Les rares invendus – un Klein, un Miró – restent marginaux.
Parmi les moments phares, le Portrait d’Élisabeth Lederer de Klimt (collection Lauder)(voir ill.) a atteint 236,3 millions de dollars, devenant le record pour l’artiste et le deuxième prix de l’histoire derrière le Salvator Mundi. « Il a attiré six enchérisseurs, bien plus que les deux ou trois habituels : preuve d’un marché réellement globalisé et de l’universalité de Klimt », relève Thomas Bompard. Une nature morte de van Gogh, Romans parisiens, a atteint 62,7 M$ (est. 40 M$), « un prix très élevé pour une toile qui n’était pas un chef-d’œuvre, mais un bon tableau, bien peint et de la bonne période. Son succès dévoile une forte “pent-up demand” (demande refoulée), montrant que les acheteurs étaient prêts à dépenser significativement », analyse Christian Ogier. Autre prix notable : El sueño (La cama) de Frida Kahlo (55 M$) (voir ill.), record pour l’artiste et pour une femme aux enchères. Christie’s n’est pas en reste avec des résultats de premier plan pour No. 31 Yellow Stripe de Rothko (62,1 M$), La Lecture (Marie-Thérèse) de Picasso (45,5 M$), Nymphéas de Monet (45,5 M$) et Christopher Isherwood and Don Bachardy de Hockney (44,3 M$).
L’ajustement des estimations a également joué un rôle décisif. « La correction des prix est désormais acceptée. Des artistes comme les cubistes, Léger ou Klee ont été réévalués à la baisse, permettant aux œuvres de se vendre », note Thomas Seydoux. Le segment contemporain, souvent le premier touché en période de repli – les acheteurs revenant à des artistes plus établis – a lui aussi envoyé des signaux positifs : « Le record de Cecily Brown montre qu’un marché robuste répond présent lorsque les œuvres cochent toutes les cases », ajoute Thomas Bompard.
Autre indicateur clé : les garanties. Si leur volume reste comparable à celui des saisons précédentes, la dynamique a changé. « Il y a aujourd’hui beaucoup plus de compétition au-dessus des garanties qu’il y a un an, signe d’un marché revenu à ses standards les plus élevés », analyse Thomas Bompard. Les tiers garants s’imposent plus que jamais : près de 60 % des lots reposent désormais sur leur participation. « Ce système offre aux maisons une flexibilité cruciale pour sécuriser les ventes à haut niveau. La collection Weis en est l’exemple parfait : Christie’s a trouvé des tiers garants pour quasiment chaque œuvre », souligne Thomas Seydoux.
Enfin, le contexte géopolitique, loin d’avoir freiné la demande, semble désormais intégré par le marché, comme le résume Christian Ogier : « Malgré une situation politique américaine encore instable autour de Trump et un contexte international marqué par les conflits à Gaza et en Ukraine, ces facteurs sont désormais perçus comme lointains ou installés dans une forme de normalité, de sorte qu’ils n’ont pas freiné l’appétit des acheteurs américains. »
| Sotheby's | Christie's | Philips | Total | |
| RÉSULTATS 2024 (M$) | 533,1 | 689,1 | 79 | 1 301,2 |
| RÉSULTATS 2025 (M$) | 1 174 | 963,8 | 91,9 | 2 229,7 |
| NOMBRE DE VACATIONS | 9 | 7 | 4 | 20 |
| NOMBRE DE LOTS VENDUS | 653 | 816 | 264 | 1 733 |
| TAUX DE VENTE | 95 % | 90 % | 87,50 % | 91 % |
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New York signale une reprise du marché
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°666 du 28 novembre 2025, avec le titre suivant : New York signale une reprise du marché






