Affaire Wildenstein

Découverte troublante à l’institut Wildenstein

Des tableaux disparus ou volés ont été découverts dans la chambre forte de l’institut Wildenstein à Paris.

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 15 février 2011 - 575 mots

Une perquisition menée dans la chambre forte de l’institut Wildenstein, à Paris, en novembre 2010, a permis d’y découvrir une trentaine d’œuvres d’art déclarées volées ou disparues. L’ensemble a été saisi par l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels dans le cadre d’une information judiciaire pour recel.

PARIS - L’affaire a été révélée par l’hebdomadaire Le Point du 3 février. La chambre forte de l’institut Wildenstein, à Paris, a fait l’objet d’une première perquisition en novembre 2010. À l’époque, il s’agissait de vérifier si les Wildenstein, l’une des familles de marchands les plus puissantes au monde, ont fraudé le fisc en dissimulant l’étendue de leur patrimoine, notamment dans le cadre de la succession de Daniel Wildenstein, le patriarche décédé en 2001. Les policiers ont découvert par hasard une trentaine d’œuvres d’art déclarées volées ou disparues appartenant à plusieurs familles, dont l’héritier des Rouart et des descendants de Joseph Reinach. Des personnes dont les histoires comportent des similitudes troublantes, donnant une petite idée sur le modus operandi de la disparition des œuvres… 

Imbroglio
Après le décès de sa tante en 1993, Yves Rouart hérite d’une partie de son patrimoine artistique, soit plusieurs tableaux de maîtres impressionnistes. La majeure partie de l’héritage revient à l’Académie des beaux-arts. Un premier imbroglio intervient lorsque Daniel Wildenstein et François Daulte (expert de Renoir et membre de l’Institut, décédé en 1998), mandatés par leurs fils Guy Wildenstein et Olivier Daulte en qualité d’exécuteurs testamentaires, mélangent les lots d’œuvres destinées à Yves Rouart et à l’Académie. Yves Rouart constate aussi que plusieurs œuvres se sont volatilisées. Il porte plainte pour escroquerie à l’héritage, vol, recel et abus de confiance (lire le JdA no 95, 17 décembre 1999 et le JdA no 108, 30 juin 2000). En 1998, une vingtaine d’œuvres est retrouvée dans le coffre d’une banque suisse, lors de l’inventaire de succession de François Daulte. Mais manquaient toujours trois peintures d’Édouard Manet, La Chanteuse de café-concert, Jardin de Bellevue et Portrait de Mme Manet mère au chapeau noir, un tableau de Camille Corot, Bohémienne rêveuse, et une huile sur toile de Berthe Morisot, Chaumière en Normandie, le tout estimé 45 à 50 millions d’euros. Ce dernier tableau fait partie des œuvres découvertes par les enquêteurs dans le coffre des Wildenstein, ou plutôt dans l’un des coffres. Car les Wildenstein en posséderaient d’autres dans de nombreux trusts. Quant à Joseph Reinach, il possédait une importante collection d’œuvres d’art et a été victime de spoliation par les nazis. D’autres œuvres disparaissent en 1972, lors de la succession de sa fille, Julie Goujon. Daniel Wildenstein fait alors partie des personnes en charge de l’inventaire. Des héritiers désignés de Julie Goujon auraient reconnu des œuvres leur appartenant dans la chambre forte des Wildenstein. L’un d’eux, Alexandre Bronstein, a notamment remarqué un bronze de Rembrandt Bugatti et un drapé de Degas qui auraient dû lui revenir ainsi qu’à sa mère.
Dans l’affaire Rouart comme dans celle Reinach-Goujon, les deux familles, qui étaient proches des Wildenstein, laissaient fréquemment leurs œuvres « dans la chambre forte de l’institut Wildenstein, afin d’assurer leur sécurité », précise Guy Wildenstein dans un droit de réponse au Point paru le 10 février. En attendant d’y voir plus clair, une trentaine d’œuvres a été saisie par l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels dans le cadre d’une information judiciaire pour recel, y compris Chaumière en Normandie de Morisot, tableau activement recherché depuis des années par Yves Rouart.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°341 du 18 février 2011, avec le titre suivant : Découverte troublante à l’institut Wildenstein

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