La mise au jour de 225 statuettes funéraires en faïence dans le tombeau d’Osorkon II éclaire l’identité d’un sarcophage resté anonyme depuis des décennies.
Tanis (Égypte).« Que fiche-t-il là ? » Ce 9 octobre 2025, dans la tombe du pharaon Osorkon II, Frédéric Payraudeau, directeur de la Mission française des fouilles de Tanis (École pratique des hautes études), découvre 225 statuettes en faïence parfaitement conservées, serrées dans une fosse, à proximité immédiate d’un sarcophage de granit rose dépourvu de toute inscription. Ces statuettes portent le nom d’un souverain d’ascendance libyenne, qui régna entre 830-791 av. J.-C. sur une Égypte morcelée : Chéchonq III, successeur d’Osorkon II. « C’est la plus importante découverte faite à Tanis depuis quatre-vingts ans », souligne Frédéric Payraudeau.
Cette présence inattendue dans la tombe d’Osorkon II surprend d’autant plus que Chéchonq III possède sa propre tombe dans la nécropole royale de Tanis, cette nouvelle capitale bâtie au XIe siècle, à la fin du Nouvel Empire, dans une période de division où les puissants grands prêtres d’Amon contrôlaient la Haute-Égypte depuis l’antique cité de Thèbes. Dès 1945, l’archéologue Pierre Montet, qui avait découvert les tombes royales en 1939-1940, avait soupçonné que le sarcophage anonyme de la tombe d’Osokron II pourrait être celui de Chéchonq III, en raison de fragments de statuettes portant son nom et d’un bas-relief où il était représenté. Mais ces indices avaient été écartés, le site ayant souffert d’intrusions, et le bas-relief, mal interprété, n’apportant pas de preuve solide. On pensait plutôt que Chéchonq III avait voulu aménager une chambre funéraire pour un prince qui n’avait pas régné – peut-être son père, puisqu’il serait lui-même le petit-fils et non le fils de son prédécesseur, Osorkon II.
Les 225 ouchebtis – serviteurs funéraires du pharaon pour l’au-delà – racontent désormais une autre histoire. À l’heure actuelle, deux hypothèses sont privilégiées par les scientifiques : le roi aurait été enterré dans sa tombe, puis déplacé dans la tombe d’Osorkon II pour des raisons de sécurité dans cette période troublée, ou, plus probablement, il aurait été inhumé là directement après sa mort. « Quand un pharaon se fait ériger un tombeau, il s’agit d’un pari : pendant les 70 jours séparant la mort du souverain et son inhumation, des troubles de succession peuvent surgir », explique Frédéric Payraudeau. Son successeur, Chéchonq IV, dont on ne sait s’il était son fils, a pu vouloir garder pour lui le tombeau de Chéchonq III, où il est enterré, ou bien avoir choisi d’inhumer Chéchonq III dans la tombe d’Osorkon II pour des raisons de sécurité – le tombeau de Chéchonq III étant beaucoup plus imposant et visible. Il aurait alors érigé à la hâte un mur dans la tombe d’Osorkon II, où il aurait fait sculpter un bas-relief des deux souverains adorant Osiris, et entreposé là le sarcophage et le mobilier funéraire, pillé à la fin de l’Antiquité.
Les 225 statuettes exhumées seront étudiées avant d’être exposées à l’endroit que les autorités égyptiennes auront désigné, peut-être aux côtés du fabuleux trésor de Tanis exhumé en 1940 par Pierre Montet dans des tombes inviolées de la nécropole royale, et présenté dans l’ancien Musée égyptien du Caire.
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À Tanis, une découverte permet d’identifier la tombe d’un pharaon
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°667 du 12 décembre 2025, avec le titre suivant : À Tanis, une découverte permet d’identifier la tombe d’un pharaon





