Accord autour de la Succession Rouart

L’Académie rend 47 œuvres de la famille à l’héritier de Manet

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 30 juin 2000 - 480 mots

Après quatre années de procédures, l’Académie des beaux-arts de l’Institut de France, légataire universel d’Anne-Marie Rouart, descendante d’Édouard Manet et de Berthe Morisot, et Yves Rouart, héritier des « meubles meublants » de sa tante se sont entendus sur le partage des dessins et tableaux des maîtres de l’Impressionnisme.

PARIS - Fin du feuilleton sur la succession Rouart. Lorsque Anne-Marie Rouart décède en 1993, elle fait don de la collection familiale à l’Académie des beaux-arts en vue de son exposition au Musée Marmottan et laisse à son neveu ses “meubles meublants”, catégorie qui comprend pour l’intéressé, les tableaux accrochés dans l’appartement de sa tante à Neuilly : mêlés aux tableaux conservés dans les coffres, ils furent donnés à l’Académie par les deux exécuteurs testamentaires, Olivier Daulte et Guy Wildenstein, comme faisant partie de la collection. Yves Rouart conteste alors la bonne exécution du testament en 1996. L’affaire se corse lorsqu’il signale la disparition de plusieurs œuvres, propriété de la famille, et qui ne figurent pas sur l’inventaire de succession. Il porte plainte pour escroquerie à l’héritage, vol, recel, abus de confiance et tentative d’escroquerie au jugement. La voie de la négociation est envisagée à la suite de la troublante découverte en Suisse d’une partie des toiles manquantes dans le coffre de François Daulte, expert de Renoir et membre de l’Institut, décédé en 1998 (lire JdA n°95).

Les chefs-d’œuvre pour Marmottan
Le protocole d’accord et de transaction signé par les deux parties le 29 mai, qui fait référence à un testament rédigé “en des termes complexes sinon incertains”, prévoit de rendre à Yves Rouart plusieurs œuvres se trouvant au Musée Marmottan qui “doivent être considérées comme ‘meubles meublants’, eu égard à leur intérêt artistique”. L’héritier de la dynastie de grands peintres récupère ainsi onze œuvres de Berthe Morisot, un Corot, au total vingt-six peintures et aquarelles. Les vingt-quatre tableaux et dessins découverts en Suisse seront également remis à Yves Rouart, à l’exception de trois chefs-d’œuvre que se réserve l’Académie : un paysage de Corot, une Tahitienne de Gauguin et un portrait de Manet par Degas. Selon l’accord, les œuvres toujours disparues issues de la succession Rouart (une vingtaine d’après Yves Rouart), doivent revenir à l’Académie si elles sont retrouvées. Elles comprennent notamment plusieurs dessins de Manet et des aquarelles de Berthe Morisot, mais surtout un tableau de Corot, Bohémienne rêveuse, une huile de Berthe Morisot, Chaumière en Normandie, vue pour la dernière fois en 1988 lors d’une exposition à Washington et trois peintures de Manet, Jardin de Bellevue, Portrait de Mme Manet mère au chapeau noir et La Chanteuse de café-concert qui, à elle seule, vaut autour de 60 millions de francs. Si sur le plan judiciaire l’affaire est close, Yves Rouart ne souhaite pas en rester là et entend participer activement aux recherches : “Je suis prêt à me mettre à la disposition de l’Académie pour l’aider à retrouver ces tableaux.”

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°108 du 30 juin 2000, avec le titre suivant : Accord autour de la Succession Rouart

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