Royaume-Uni - Musée

Le Victoria & Albert Museum à la conquête de l’Est

Par Tristan de Bourbon, correspondant à Londres · Le Journal des Arts

Le 23 novembre 2018 - 792 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

Le musée britannique ouvrira en 2023, sur le site des J.O. de Londres en 2012, une antenne lui permettant de montrer une partie de sa collection et d’organiser des expositions avec la Smithsonian Institution.

Le projet du bâtiment pour le nouveau Victoria and Albert Museum Stratford Waterfront, réalisé par O'Donnell + Tuomey
Le projet du bâtiment pour le nouveau Victoria and Albert Museum Stratford Waterfront, réalisé par O'Donnell + Tuomey
© O'Donnell + Tuomey / Ninety90, 2018

Londres. On n’arrête plus le Victoria and Albert Museum. Deux mois après l’ouverture de sa filiale écossaise dans la ville de Dundee en Écosse, un mois après la diffusion des plans de rénovation de son musée de l’enfance dans l’est de Londres , le principal musée britannique du design a dévoilé les plans du « V&A East », sa double extension dans le site des Jeux olympiques de l’été 2012, situé dans l’extrême est de la capitale anglaise. Ce projet est intégré au développement du quartier Stratford Waterfront mené par la London Legacy Development Corporation, une agence publique chargée de la gestion du site olympique. Il accueillera également deux campus universitaires et une filiale de Sadler’s Wells, l’un des plus célèbres espaces de spectacle consacrés à la danse.

Une coopération avec la Smithsonian Institution

Le projet du « V&A East » a été modifié en profondeur au cours de l’année écoulée. La London Legacy Development Corporation avait en effet attribué au V&A l’espace principal du Stratford Waterfront. Ce bâtiment gigantesque devait accueillir aussi bien les espaces d’exposition que la collection du V&A, répartis sur sept étages. Tout a été remis en cause à l’automne dernier à la suite de la décision des autorités de diviser par deux la hauteur des deux tours résidentielles de 47 étages, qui auraient bloqué la vue protégée de la cathédrale Saint Paul depuis un parc voisin. La vente de leurs appartements étant le principal moyen de financement du quartier culturel du Stratford Waterfront, le V&A a été forcé de revoir ses plans.

Le V&A a donc séparé ses activités. Dans son bâtiment phare, qui ne comprendra plus que cinq étages, il proposera une partie de sa collection permanente et des expositions temporaires. Il coopérera pour ce faire avec la Smithsonian Institution, basée à Washington (Washington D. C.). Initialement, l’institution américaine avait envisagé d’ouvrir un musée en nom propre sur le site olympique, son premier en dehors des États-Unis, où il dispose actuellement de dix-neuf musées traitant aussi bien de design, d’art amérindien que de sciences. Il y a renoncé en juin 2016 (avant le référendum sur le Brexit) et a opté pour cette collaboration avec la V&A, moins lourde. « Nous sommes très contents de laisser le V&A gérer le bâtiment, nous a assurés Al Horvath, le responsable des finances du groupe. L’exposition de lancement sera réalisée conjointement avec les équipes du V&A, à la suite de quoi nous alternerons. » Une exposition sur quatre sera réalisée par la Smithsonian Institution.

L’aspect le plus original du projet du « V&A East » réside dans son « centre de collection et de recherche », situé à quelques minutes à pied du musée du Waterfront. Le gouvernement a en effet annoncé en 2015 la vente prochaine du site de Blythe House, un bâtiment protégé de l’ouest de la capitale où est stockée une partie de la collection du V&A, mais aussi du British Museum et du Science Museum. Ce déménagement dans un nouveau lieu permettra au public d’accéder partiellement aux 250 000 objets et 917 archives papier qui seront installées dans une partie de l’immense bâtiment utilisé naguère pour la radiodiffusion et la télédiffusion des Jeux olympiques. « Nous avons optimisé l’espace pour donner l’accès au plus de pièces possible, qui tourneront pour que les visiteurs en découvrent régulièrement de nouvelles, et pour mixer les espaces réservés à la recherche avec ceux ouverts au public », explique Elizabeth Diller, fondatrice du cabinet responsable du projet. Le centre de collection sera réparti sur quatre étages.

Des financements publics

L’ouverture du musée du Stratford Waterfront et de son centre de collection est prévue pour la mi-2023, alors que le projet initial visait 2021. Le directeur du V&A, Tristram Hunt, attend 100 000 visiteurs annuels pour la collection, et entre 600 000 et 650 000 pour le musée. Si ce double projet s’annonce très important, la phase de construction et d’aménagement ne coûtera rien au V&A. En effet, le gouvernement lui a déjà attribué 50 millions de livres sterling (57 millions d’euros) pour le déménagement et la numérisation de sa collection, ainsi que la mise en place du nouveau centre.

Parallèlement, la London Legacy Development Corporation financera l’intégralité de la construction du Stratford Waterfront, estimé à 1,1 milliard de livres (1,3 milliard d’euros). L’agence publique n’a pas précisé le montant dévolu à la construction du musée et Tristram Hunt est resté vague, estimant son coût à « des centaines de millions » d’euros. Il a également précisé qu’il discutait actuellement avec le ministère des Finances pour obtenir une hausse de son budget annuel afin de pouvoir faire fonctionner ses deux nouvelles entités.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°511 du 16 novembre 2018, avec le titre suivant : Le V&A à la conquête de l’est

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