Égypte - Musée

Quelle est cette polémique sur la billetterie du Grand Musée Égyptien ?

Par Camille Pecoroni · lejournaldesarts.fr

Le 3 décembre 2025 - 470 mots

Le nouveau musée pharaonique ouvert depuis le 1er novembre 2025, limiterait l’accès des locaux par un système de quotas.

Visiteurs dans le grand escalier du Grand Musée Égyptien (GEM) du Caire. © Matthäus Wander, 2025, CC0 1.0
Visiteurs dans le grand escalier du Grand Musée Égyptien du Caire.

Des files d’attente interminables, des refus d’entrée malgré l’achat de billets et des journées où la fréquentation dépasse la capacité officielle : à peine ouvert le Grand Musée Égyptien s’est retrouvé au centre d’un débat sur son système de billetterie. Certaines journées ont enregistré 27 000 entrées, alors que le plafond quotidien est fixé à 20 000 visiteurs. Mais la polémique porte aussi sur les quotas entre touristes et locaux. Le directeur du musée, Ahmed Ghoneim, a confirmé l’existence d’une répartition distincte entre Égyptiens et non Égyptiens, précisant que le ratio ne dépasserait jamais 60 % pour l’un des groupes, dans un sens ou dans l’autre.

Le député Freddy ElBaiady a pris position publiquement, dénonçant ce système comme injuste : « tout quota, quels que soient les pourcentages, doit être annulé », a-t-il déclaré dans un post Facebook, estimant que ce dispositif place les Égyptiens en « catégorie secondaire » dans l’accès à leur patrimoine.

Depuis le 16 novembre, le Grand Egyptian Museum (GEM) a mis en place une billetterie par créneaux horaires, et à compter du 1er décembre, l’achat de billets se fait exclusivement en ligne. Le tarif affiché pour un adulte local est de 200 livres égyptiennes (3,60 euros), tandis que celui pour un visiteur étranger est de 1 450 livres égyptiennes (26 euros). Cette différence de prix entre locaux et touristes n’est pas inédite. Le Louvre lui-même appliquera dès janvier 2026 une augmentation pour les visiteurs hors Union européenne et hors Espace économique européen : le tarif passera de 22 à 32 euros. Mais associé au système de quotas du GEM, en Égypte ce différentiel de prix renforce l’impression d’inégalité : malgré le prix réduit, les billets pour Égyptiens sont rares et difficiles à obtenir, accentuant un sentiment d’exclusion.

Le GEM est un projet stratégique pour l’Égypte. La construction du musée a coûté près de 860 millions d’euros ; le bâtiment principal s’étend sur 100 000 m² et expose notamment 5 600 pièces du tombeau de Toutankhamon et une statue monumentale de Ramsès II. L’objectif est d’attirer sept millions de visiteurs par an (le Louvre en attire près de 9 millions), en séduisant un tourisme culturel de plus en plus sollicité par les Émirats arabes unis, le Qatar et bientôt l’Arabie saoudite. Après une décennie marquée par l’instabilité, les attentats et la pandémie, le tourisme représente en 2024 l’équivalent de 25,6 milliards d’euros soit 8,5 % du PIB, et constitue une source majeure de devises. En France, le secteur culturel représente 8 % du PIB, générant 71 milliards d’euros de recettes.

Cette polémique intervient alors que l’Égypte communique massivement sur la modernité de son musée et l’accueil des visiteurs. Elle risque de ternir quelque peu cette image : les scènes de foule et les accusations de discrimination ont été largement relayées à l’international.

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