Enseignement

Le Royal College of Art se prépare à la révolution industrielle

LONDRES / ROYAUME-UNI

L’université londonienne réputée pour ses études d’arts et de design, qui a formé Tracey Emin, David Hockney et Ridley Scott, s’ouvre aux sciences. Son projet de développement coûtera 120 millions d’euros, dont 70 % ont déjà été trouvés.

Le vieux bâtiment Darwin à Kensington. © Photo : RCA.
Le vieux bâtiment Darwin à Kensington.
© Photo : RCA

Londres. Le Royal College of Art (RCA) étend son champ d’activité. L’université, créée en 1837, s’ouvre aux sciences. « Au regard de l’imminence d’une nouvelle révolution industrielle, nous voulons permettre aux étudiants de travailler avec des scientifiques dès le lancement de leurs projets », a expliqué au Journal des Arts Paul Thomson, son recteur depuis 2009 et principal responsable du suivi de ce développement. « Même si les sciences sont aujourd’hui déjà intégrées à plusieurs cursus, cela nous permettra de développer notre approche, notamment en robotique et en sciences informatiques. » L’université propose actuellement des cours dans quatre sections, les arts et les humanités qui accueillent cette année 40 % des 2 213 étudiants de premier cycle, le design (30 % des étudiants), la communication et l’architecture (respectivement 16 % et 14 % des étudiants).

En 2016, quelques mois avant le référendum sur le Brexit, le RCA a convaincu le gouvernement de lui accorder £54 millions (61 millions d’euros), soit la moitié du budget prévu pour sa gigantesque extension. Celle-ci comprend un nouveau bâtiment de 15 000 m2 accolé à son campus du quartier londonien de Battersea, au sud de la Tamise, dont l’ouverture est prévue pour la rentrée 2021. Elle permettra d’accueillir un millier d’étudiants supplémentaires. Également au programme, la rénovation de son principal campus, situé dans le quartier de South Kensington à quelques encablures du Victoria and Albert Museum dont il est partenaire, l’achat de nouveau matériel et le développement du système de bourses, « dont nous essayons d’accroître fortement le faible nombre de bénéficiaires », assure Paul Thomson. Le programme de master coûte en effet £9 500 (10 800 euros) pour les citoyens d’un membre de l’Union européenne, £29 000 (33 000 euros) pour les autres. Grâce au versement d’un don privé de £15 millions du Sigrid Rausing Trust, plus des deux tiers du budget de son programme d’extension sont désormais couverts.

Si Paul Thomson est chargé de trouver les £30 millions manquants, il estime que la confiance du gouvernement et des institutions envers son université tient à la réussite de ses étudiants. « Nos étudiants ont un vrai sens entrepreneurial, favorisé par notre incubateur interne, InnovationRCA : au cours des dix dernières années, il a permis à 75 étudiants de lancer 50 start-up dans lesquelles des investisseurs se sont engagés à hauteur de £39 millions (44 millions d’euros). »

Paul Thompson, recteur du RCA. © Photo : RCA.
Paul Thompson, recteur du RCA.
© Photo : RCA

Des emplois dans le design et la haute-couture

Parallèlement à ces projets individuels, Paul Thomson assure que le RCA fournit « le plus grand nombre de diplômés à Apple que n’importe quelle autre université au monde ». Un résultat sans doute favorisé par la nomination en 2017 au poste de chancelier de la RCA du responsable du design de la marque américaine et ancien élève Jony Ive, père du design Apple. Les diplômés trouvent également des places parmi la plupart des grandes maisons de couture, à la suite d’autres anciens élèves réputés : l’ancien directeur artistique et président du groupe de mode Burberry Christopher Bailey a obtenu son master au RCA, tout comme la directrice artistique de Givenchy Clare Waight Keller ou l’ancienne directrice artistique Deborah Lloyd de Kate Spade.

Ce réseau d’anciens élèves explique en grande partie la réputation actuelle et le pouvoir d’influence de la RCA auprès des autorités publiques et des mécènes. Parmi eux, les artistes Frank Auerbach, David Hockney, Tracey Emin, Chris Ofili, mais aussi le designer James Dyson, fondateur de la société Dyson réputée pour ses aspirateurs sans sac, le réalisateur Ridley Scott (Blade Runner, Thelma et Louise) et l’architecte David Adjaye (le musée d’histoire contemporain de Denver et le Centre Nobel de la paix à Oslo).

L’université aura besoin d’eux pour continuer à attirer les étudiants post-Brexit, à l’heure où la compétition internationale en la matière ne semble pas fléchir. Cette année, un peu moins d’un quart des élèves vient d’Europe du continent, un quart de Grande-Bretagne, et les autres du reste du monde. « Les candidatures européennes ont augmenté de 12 % l’an dernier, ce qui est bon signe pour l’avenir », se rassure Paul Thomson. « Il est pour le moment impossible de savoir si le Brexit nous affectera. Seul un Brexit désordonné, c’est-à-dire une sortie de l’Union européenne sans accord, pourrait perturber l’arrivée d’étudiants après le 29 mars », la date officielle prévue du Brexit.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°518 du 1 mars 2019, avec le titre suivant : Le Royal College of Art se prépare À la révolution industrielle

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