Collectionneurs - Expertise

Un tableau de Degas inédit authentifié

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 1 décembre 2025 - 488 mots

L’attribution à Degas par l’expert Michel Schulman semble vraisemblable ; l’identité du personnage moins affirmée.

Edgar Degas (1834-1917), détail de la Jeune Italienne - Portrait présumé de la comtesse de Castiglione, vers 1856. © DR / Collection particulière
Edgar Degas (1834-1917), détail de la Jeune Italienne - Portrait présumé de la comtesse de Castiglione, huile sur toile, 153 × 105 cm, c. 1859.
© D.R. / Collection particulière

Michel Schulman, expert en peinture du XIXe et XXe siècle, annonce avoir authentifié un nouveau tableau d’Edgar Degas datant de sa période italienne, lorsque l’artiste avait voyagé en Italie entre 1856 et 1860. Le tableau a intégré le catalogue raisonné numérique Edgar Degas créé par l’expert. Il appartient à une collection particulière.

Le portrait peint vers 1858-1859, de dimension plutôt grande (153 x 105 cm), nommé Jeune Italienne, représenterait peut-être la comtesse de Castiglione. La jeune femme prend place au centre de la composition, dans une tenue sobre, assise et méditant. Si le personnage est baigné de lumière, le décor est quant à lui plongé dans une certaine obscurité. On distingue tout de même des sabres en croix dans le mur de fond, laissant penser à une salle d’armes. La peinture est très esquissée et marque la transition de Degas vers la modernité quand il est sur le retour pour Paris.

Edgar Degas (1834-1917), Jeune Italienne - Portrait présumé de la comtesse de Castiglione,  huile sur toile, 153 × 105 cm, c. 1859. © DR / Collection particulière
Edgar Degas (1834-1917), Jeune Italienne - Portrait présumé de la comtesse de Castiglione, huile sur toile, 153 × 105 cm, c. 1859.
© D.R. / Collection particulière

Michel Schulman a collaboré avec le laboratoire Emmebi Diagnostica Artistica de Rome et l’université de Bologne pour authentifier le tableau. L’analyse stylistique de la signature, l’examen de la toile et du châssis convergent vers cette attribution. Le tableau provient de la collection Antonio La Rocca, constituée entre 1940 et 1970, rassemblant des tableaux de peintres italiens à Paris. Pour l’expert, c’est un argument supplémentaire à la paternité de l’œuvre.

Si l’authenticité semble probable, l’identité du personnage est moins convaincante. En effet, très peu d’indices indiquent que le sujet soit la comtesse de Castiglione. Née en 1837, de son nom Virginia Oldoini, cette aristocrate italienne a été envoyée en France en 1855 pour plaider la cause de l’Italie auprès de Napoléon III. Elle devient alors sa maîtresse jusqu’à ce qu’elle soit disgraciée et qu’elle parte à Turin entre 1858 et 1861. C’est à ce moment-là qu’elle aurait pu rencontrer Degas, qui y séjournait au même moment.

Un détail sur le tableau montre la jeune femme avec un « digitus rigidus » ou index raide. Motif qu’il est possible de retrouver sur plusieurs photographies de Virginia Oldoini par Pierre-Louis Pierson. Leur collaboration a donné lieu à plus de 500 clichés, faisant d’elle la femme la plus photographiée de Paris. Il est donc aussi tout à fait possible que Degas se soit inspiré d’une photographie. Si cela se révèle bien être Virginia Oldoini, ce serait l’un des seuls portraits de sa jeunesse et l’un des rares non officiels. Selon l’expert, c’est un portrait psychologique, bien plus que physique, raison pour laquelle le décor prendrait place dans une salle d’armes.

Degas, pendant son voyage à Naples, à Rome et en Italie, a peint plusieurs tableaux. La plupart traitaient du portrait en pied ou en buste de type italien, mais aussi des portraits de famille comme ce fut le cas pour le portrait de La famille Bellelli. Michel Schulman avait déjà authentifié un pastel de Degas en 2024 nommé Éloge du maquillage.

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