Musée

Le Centre Pompidou fermera pendant 3 ans en 2023

Par Jean-Christophe Castelain · lejournaldesarts.fr

Le 26 janvier 2021 - 647 mots

PARIS

L’Etat a finalement préféré une fermeture totale à des travaux en site ouvert, ce qui n’est pas sans poser plusieurs problèmes.

La décision était quasiment acquise depuis plusieurs mois, le Centre Pompidou l’a officialisée dans un communiqué hier soir : il devra fermer pour travaux de fin 2023 à début 2026. Le bâtiment construit dans les années 1970 par Renzo Piano et Richard Rogers est en effet une passoire thermique truffée d’amiante qui nécessite d’importants travaux. Roselyne Bachelot confirme dans Le Figaro le chiffre de 200 millions d’euros qui circulait dans la presse.

Deux options étaient sur la table : réaliser les travaux par tranches sur une durée de 7 ans, en laissant ouvert le Centre ou le fermer pendant trois. C’est donc cette deuxième option qui a été choisie au motif qu’il est très difficile de mener des travaux de cette ampleur tout en conservant une qualité d’accueil minimum des visiteurs et un niveau de protection suffisant des œuvres.

Le public peut d’ailleurs avoir un avant-goût de cet inconfort avec la réfection actuelle des escalators (La Chenille) et de l’entrée sur la Piazza. L’entrée se fait aujourd’hui par la rue Beaubourg et l’accès aux étages s’effectue par des ascenseurs provisoires. Ces travaux ont pris du retard et la réouverture par la Piazza et l’accès aux escalators sont maintenant prévus pour mai 2021.

Mais alors que va devenir le Centre Pompidou pendant 3 ans ? « Un Centre Pompidou Alma n’est plus d’actualité » dit-on à l’Elysée, du nom du projet d’OPA sur le Palais de Tokyo que menait en son temps Alain Seban, l’ex-président du Centre Pompidou. Déjà à l’époque Alain Seban plaidait pour un deuxième lieu à Paris afin de donner plus d’espace au site Beaubourg qui en manque singulièrement. Officiellement on considère que ce lieu consacré à la création contemporaine doit garder sa personnalité. Mais il se pourrait bien que des raisons économiques prévalent : à l’époque, le coût des travaux pour une mise aux normes muséales s’élevait à 40 M€.

L’actuel président du Centre Pompidou, Serge Lasvignes a poussé les feux de l’international - Malága, Shangaï, Bruxelles et peut-être bientôt Séoul (Corée) si les négociations aboutissent – sans vraiment avoir pris à bras le corps le problème de la présence à Paris intramuros. Il a décidé la création de réserves pour les collections, agrémentées de surfaces d’exposition, à Massy, prévue au mieux pour 2025 ; mais qui va aller dans cette banlieue parisienne peu avenante à 25 kilomètres de Beaubourg ?

Pendant ce temps les lieux privés consacrés au moderne et au contemporain maillent progressivement la capitale : la Fondation Vuitton, bientôt la Bourse de commerce de François Pinault, puis la Fondation Cartier au Louvre des antiquaires. Paris ne manque pas de lieux d’exposition pour l’art moderne et contemporain, et le Centre Pompidou devra mobiliser beaucoup d’énergie et d’argent pour rattraper cette longue éclipse en pointillé de sept ans (qui démarre avec la fermeture liée au Covid et les travaux actuels).

Subsidiairement cela ne va pas être simple d’attirer des bonnes candidatures pour remplacer en juin prochain le duo Serge Lasvignes – Bernard Blistène.  Les candidats, on s’en doute, ne manquent pas et le petit milieu tourne en boucle la même dizaine de prétendants.  Mais pour faire quoi jusqu’en 2027 ? Revoir l’accrochage et préparer la programmation des 50 ans du Centre que peut-être ils n’inaugurent pas eux-mêmes ? Courir le monde pour accompagner les œuvres et expositions du musée national d’art moderne louées par leurs confrères ?

Une autre victime collatérale de cette fermeture ce sont les galeries du Marais. Daniel Templon dont la galerie jouxte le Centre garde un mauvais souvenir des travaux de 1997-2000 qui avaient entraîné une fermeture partielle puis totale du Centre. « Cela avait été extrêmement handicapant pour les galeries du Marais, explique-t-il, et avec cette fermeture annoncée à laquelle s’ajoutent les embarras de la circulation provoqués par les décisions de Mme Anne Hidalgo, cela va être dramatique ».

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