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Le Palais de Tokyo convoité

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 18 septembre 2008 - 734 mots

PARIS

Initialement prévu pour être réalisé en 2009, le projet d’un lieu pour la présentation d’artistes confirmés de la scène française dans les sous-sols du Palais de Tokyo a pris du retard. Si le projet défendu par le Centre Pompidou se veut rassembleur, d’aucuns redoutent qu’il déstabilise le Site de création contemporaine. La solution passe peut-être par l’île Seguin.

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PARIS - Initialement prévu pour se concrétiser en 2009, le projet d’un lieu de présentation destiné aux artistes confirmés de la scène française et installé dans les sous-sols du Palais de Tokyo, à Paris, a pris, au mieux, un sérieux retard. Mise en place par le ministère de la Culture, l’association chargée de mener une réflexion sur le statut et le cahier des charges de cette nouvelle institution ne s’est réunie pour l’instant qu’en de rares occasions, la prochaine étant le 22 septembre. Et ses propositions se font attendre.
De son côté, le Centre Pompidou « a pris ce dossier à bras-le-corps », selon son président Alain Seban, et lui a déjà trouvé un nom : « Centre Pompidou-Alma ». Affectataire du bâtiment, le Centre a chiffré les travaux nécessaires à l’installation du futur lieu à 40 millions d’euros, ce qui a failli être fatal au projet. La mission Auvigne, chargée d’un rapport dans la perspective de la révision générale des politiques publiques, l’avait tout bonnement retiré des priorités du ministère de la Culture pour des raisons budgétaires. Après l’intervention de Christine Albanel, Matignon en a finalement accepté le principe. Mais son financement sera difficile à boucler malgré le volontarisme de la ministre. Aujourd’hui, Alain Seban table sur un tiers de mécénat, tandis que l’État devra trouver les ressources complémentaires. Pour le Centre Pompidou pourtant, ce projet semble vital. « Nous sommes aujourd’hui au bout de ce que nous pouvons faire au Centre Pompidou dans le bâtiment Piano-Rogers pour les artistes français, précise Alain Seban. Nous ne pouvons pas aller plus loin sans ce nouvel outil, le Centre Pompidou-Alma. » Cette mainmise de Beaubourg inquiète les partisans du projet, lesquels craignent qu’il soit détourné de la promotion stricte des artistes hexagonaux. À quoi Alain Seban rétorque qu’il s’agit pour lui d’une priorité, prenant en exemple la programmation actuelle de Beaubourg. « Nous sommes dans une stratégie de rassemblement », assure-t-il. La ministre devrait dévoiler sa position le 26 septembre.

Subventions « ad hoc »
Ce projet risque en tout cas de faire une victime collatérale, le Site de création contemporaine du Palais de Tokyo, le centre d’art français qui bénéficie du plus grand rayonnement à l’étranger. Ce dernier doit déjà verser un loyer au Centre Pompidou, qui est affectataire de ses murs et qui, par conséquent, engrange aussi les revenus du restaurant et de la librairie du Palais de Tokyo, soit la somme rondelette de 500 000 euros par an. En contrepartie, le Centre est tenu de financer l’entretien et les travaux nécessaires au fonctionnement du Site. Cela ne l’a pas empêché de refuser le paiement d’une facture de 88 000 euros correspondant à la part de l’affectataire dans des travaux de mise en sécurité exigés par une commission de sécurité envoyée par le Centre Pompidou lui-même ! Selon Agnès Saal, directrice générale de Beaubourg, le Centre ne peut financer des travaux au Palais de Tokyo qu’à la condition que le ministère de la Culture lui verse les subventions ad hoc. Le Site de création contemporaine a donc dû trouver l’argent lui-même. Rompu à la recherche de mécénat — les privatisations lui auront rapporté un million d’euros cette année —, le Palais de Tokyo risque néanmoins de souffrir de la perspective de l’arrivée du Centre dans ses sous-sols. Certains redoutent même des tentatives de déstabilisation de Beaubourg ou pire, n’est qu’à lire le quotidien suisse Le Temps du 9 septembre : « Le Centre Pompidou tente d’annexer le Palais de Tokyo. »

L’île à nouveau
La solution serait peut-être à trouver du côté de l’île Seguin, où se profile à nouveau un ensemble culturel d’importance, réunissant des galeries, un parc de sculptures, une grande halle pour la présentation d’œuvres d’envergure et, pourquoi pas, une annexe de la Fondation Cartier ainsi qu’un un lieu pour la collection Pinault. L’idée d’y installer une antenne du Centre Pompidou coulerait de source, une opinion modérément partagée par Alain Seban. « Une chose me paraît certaine, réplique-t-il, c’est que l’on ne peut pas imaginer le Centre Pompidou-Alma sur l’île Seguin. »

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°287 du 19 septembre 2008, avec le titre suivant : Le Palais de Tokyo convoité

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