Branly-Pompidou - Duel au sommet

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 20 juin 2011 - 662 mots

Les deux musées parisiens arrivent « ex æquo » alors que les grands musées régionaux tiennent leur rang .

 Prime à la jeunesse ou succès d’un modèle désormais bien rodé ? L’arrivée ex aequo en tête de ce classement 2010 du Musée du quai Branly et du Centre Pompidou-Musée national d’art moderne, second l’an dernier, ressemble aussi à la consécration d’un certain modèle de musée. Car si ces établissements parisiens ont été conçus à trente ans d’intervalle, tous deux relèvent d’une même typologie. Celle du musée inclus dans un centre culturel à l’architecture audacieuse, l’associant à une bibliothèque et à un auditorium, mais aussi à des espaces publics et à des commerces (librairie et espaces de restauration). Dès les années 1970, le Centre Pompidou ouvrait déjà la voie qu’allaient suivre les musées : devenir des lieux de consommation culturelle. Trois décennies plus tard, sans originalité mais avec la foi en ce modèle, c’est la même idée qui a prévalu à la conception du Musée du quai Branly. Et cinq ans après son ouverture, le succès est bel et bien au rendez-vous pour cet outil polyvalent qui se maintient en tête de notre classement pour la deuxième année consécutive.

De fait, ces qualités révèlent a contrario les handicaps du « plus grand musée du monde », le Louvre, dont les 68 000 mètres carrés de salles d’exposition – soit 5,5 fois plus qu’au Musée du quai Branly –, et les collections pléthoriques (35 000 œuvres sont exposées contre moins de 9 000 au Quai Branly), font autant sa richesse qu’ils rendent complexe sa gestion au quotidien. Car cette année encore, alors que le Louvre reste le champion toutes catégories, notamment en termes de fréquentation, d’acquisitions ou de ressources propres, le problème récurrent de l’ouverture des salles – qui a pourtant connu une nette amélioration en une dizaine d’années – lui fait perdre encore des points. Les chiffres sont en effet têtus : seulement 90 % de salles du Louvre sont ouvertes quand le Musée national d’art moderne affiche un taux d’ouverture de 96 % et le Quai Branly de 100 %. En l’absence du Musée d’Orsay, fermé en partie pour travaux et qui n’a pas souhaité participer cette année à l’enquête (Orsay occupait la 8e place en 2010 et la 5e en 2009). D’autres grands établissements parisiens figurent toutefois en bonne place de ce cru 2010. Ainsi des Arts décoratifs, qui ont bénéficié récemment d’une grande rénovation, mais aussi du Musée Guimet, dont la discrète programmation temporaire le fait toutefois reculer d’un rang (7e), alors que le Musée de l’armée, qui poursuit sa modernisation, progresse de quatre places (8e). 

Public de proximité
Mais ce classement 2010 fait la part belle aux institutions régionales, qui affichent d’excellentes performances malgré des tensions budgétaires grandissantes. Lyon (5e), Lille (qui se hisse de la 20e à la 9e place), Rouen, Angers (10e) mais aussi Montpellier (12e) et Caen (13e) occupent ainsi une place méritée dans la hiérarchie des quinze premiers établissements hexagonaux. La Piscine, à Roubaix, opère aussi une belle remontée (6e place), grâce à son dynamisme en matière d’expositions. Car tous ces musées, dans une logique de service public culturel, misent depuis longtemps sur un public de proximité. La structure de leur fréquentation l’indique sans ambiguïté : quand la part de touristes demeure inférieure à 10 % – à l’exception de Lille (18 %) et Caen (14 %), le taux de scolaires tourne autour de 20 % (à l’exception de Rouen). Soit le double de celui des grands établissements parisiens.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°350 du 24 juin 2011, avec le titre suivant : Branly-Pompidou - Duel au sommet

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