Faire du chiffre

Les musées, notamment en régions, ont su accroître leurs recettes commerciales

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 20 juin 2011 - 632 mots

En mars, la Cour des comptes constatait qu’en dix ans le financement public des musées nationaux avait augmenté beaucoup plus vite que leur financement privé, induisant une baisse du taux d’autofinancement, qui passait ainsi de 47 % en 2005 à 39 % en 2010.

En 2009, 61 % des 667 millions de coûts de fonctionnement (hors frais de personnel) des 37 musées nationaux (parmi lesquels le Centre Pompidou-Musée national d’art moderne et le Musée du quai Branly) provenaient des subventions de l’État. Qu’en est-il des autres musées ?
L’enquête annuelle du Journal des arts ne dispose pas des moyens d’investigation de la Cour des comptes, mais elle permet quand même de relever des grandes masses et des tendances. Sur la base des donnés communiquées par 187 musées, il semblerait que le taux de financement public des musées non nationaux soit un peu inférieur à celui des musées nationaux, et se situe autour de 53 % au lieu de 61 %. Mais, dans la mesure où de nombreux musées territoriaux utilisent les services de leur tutelle, sans être capable d’en évaluer le coût, il est probable que les 153 millions de coûts de fonctionnement, reportés par ces musées soient estimés un peu en dessous de la réalité. Quoi qu’il en soit, les ordres de grandeur sont significatifs et l’on doit admettre que les musées en régions savent aussi trouver de l’argent par leurs propres moyens.

Nécessité faisant loi, les musées dans leur ensemble ont réussi à augmenter en 2010 leurs recettes commerciales (billetterie, librairie, redevances diverses..) entre 1 % et 5 % selon la base de répondants considérée. Contre toute attente, les recettes de mécénat (évaluées autour de 67 millions d’euros) ont elle aussi augmenté entre 5 et 10 %. Un poste a lui explosé, c’est celui de la location des espaces du musée pour des soirées privées, des séminaires, des défilés. 37 % de nos répondants déclarent avoir privatisé leur espace en 2010, pour un total de 3 382 événements, soit une hausse entre 6 % et 29 % selon les bases considérées. Emporté par les vents porteurs du « Festival Normandie impressionniste «, le Musée des beaux-arts de Rouen a ainsi privatisé 184 fois ses espaces, bien plus que le Quai Branly ou le Louvre (autour de 110). Il y aurait d’ailleurs quelques règles à fixer en la matière. Le ballet des serveurs et des invités dans les dîners de gala organisés au beau milieu des collections fait parfois courir de grands risques aux œuvres. 

2,98 euros par visiteur
Le rapport de la Cour des comptes questionne aussi le modèle économique des expositions temporaires. Il ressort des données 2010 du Palmarès que le coût des expositions rapporté au nombre de visiteurs payants s’établit à 2,98 euros par visiteur, en hausse de 6 % par rapport à 2009. Même si ce coût ne prend en compte que les dépenses liées aux expositions (il faudrait ajouter une quote-part des frais généraux de fonctionnement), il est relativement faible. Il serait intéressant de le comparer au coût unitaire des dépenses des spectateurs dans les théâtres, les salles de concert, d’opéra. Il y a aussi matière à réflexion pour les directeurs de musées, tant la dispersion des données est étendue, de 23 euros par visiteur payant pour le Musée Roger-Quilliot à Clermont-Ferrand à 1,10 euro pour le Musée national du Moyen Âge-Thermes de Cluny. 

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°350 du 24 juin 2011, avec le titre suivant : Faire du chiffre

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