Royaume-Uni - Architecture - Unesco

Un projet de tour pourrait coûter à la Tour de Londres son classement Unesco

Par Sindbad Hammache · lejournaldesarts.fr

Le 30 avril 2019 - 524 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

L’Icomos considère que la tour panoramique de Norman Foster pourrait dénaturer l’environnement du célèbre monument.

Vue de Londres © Photo Colin & Kim Hansen
Vue de Londres
Photo Colin & Kim Hansen

La Tour de Londres a vu son voisinage changer radicalement depuis quelques années : le quartier Eastern Cluster, situé à quelques centaines de mètres, devient peu à peu une forêt de tours. Et les édiles de la City ont donné leur autorisation pour la construction d’une nouvelle tour dans ce secteur. Cette décision inquiète les acteurs du patrimoine anglais : selon certains d’entre eux, cette nouvelle tour pourrait coûter à la Tour de Londres son inscription sur la liste du patrimoine protégé par l’Unesco.

Avec 305 mètres de haut, la « Tulipe » de Norman Foster serait le plus grand gratte-ciel de l’Eastern Cluster, et la seconde plus grande tour d’Europe derrière le « Shard » londonien. Il ne s’agit pas d’un immeuble de bureau, mais d’un équipement touristique, qui sera doté à son sommet de plateformes panoramiques, d’un bar et d’un restaurant. 

L’association Historic England avait conseillé de ne pas donner l’autorisation de construction : « Ce bâtiment […] endommagera précisément ce que ses concepteurs affirment développer : le tourisme et la vue sur le patrimoine unique de Londres ». La Tour de Londres est l’un des joyaux touristiques de la capitale britannique, attirant chaque année environ trois millions de visiteurs.

Au terme d’un débat houleux, l’autorisation de construction a été donnée, contre l’avis de cette association de protection du patrimoine, mais également contre celui du Conseil international des monuments et des sites (Icomos), organe consultatif pour la liste de l’Unesco. Financial News révèle que l’Icomos a fait parvenir une lettre fin mars au conseil de la Cité de Londres, pour demander l’abandon du projet.

Dans cette lettre, l’association décrit la « Tulipe » comme « non compatible avec la préservation de la Tour de Londres, propriété du patrimoine mondiale, dans son intégrité ». La vue et les alentours d’un site classé au patrimoine mondial font partie de ses caractéristiques, et leur modification peut entraîner un déclassement. Ainsi, en 2013, la construction d’un nouveau pont avait coûté à la vieille ville de Dresde son inscription au patrimoine mondial.

Le Talkie-Walkie, inauguré en 2014 avait suscité les mêmes polémiques : la hauteur prévue sur les plans originaux avait alors été réduite pour ménager l’impact visuel sur la Tour de Londres et la cathédrale Saint-Paul. La construction du Shard de Renzo Piano, inauguré en 2012, avait également fait réagir l’Unesco, qui considérait alors Londres comme l’une des villes respectant le moins son patrimoine.

Pour une porte-parole de Historic Royal Palaces, l’organisation qui gère la tour de Londres, la Tulipe pourrait donc aggraver les dommages causés par le Talkie-Walkie, notamment du fait de « sa très grande taille, son design accrocheur et sa grande proximité avec la Tour de Londres ».

Les responsables de la planification de la Cité de Londres, qui ont donné le feu vert soulignent de leur côté l’aspect « inhabituel et unique » du bâtiment, qui pourrait en faire « une potentielle icône architecturale pour la City, Londres et le Royaume-Uni ». L’approbation du projet devrait être soumise dans les mois qui viennent à une enquête publique.
 

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