Polémique autour du « Cube noir » qui domine Florence

Florence (Italie). Tous les regards se tendent vers la physionomie de Florence en cet été 2025. Cela avait commencé avec le démontage de la grue géante de 60 mètres dressée depuis près de deux décennies devant la galerie des Offices. Il s’achève avec la virulente polémique dite du « Cube noir ». Celui qui selon la presse transalpine « défigure » la ligne d’horizon de la ville. La classe politique presque unanime fustige « ce monstre architectural » tandis qu’un flot de réactions indignées sur les réseaux sociaux a pris pour cible ce bâtiment. Il a été érigé sur l’ancien théâtre communal, démoli en 2021 pour laisser la place à un projet immobilier. Un édifice de trois étages qui abrite 150 appartements de luxe destinés à la location touristique. Surnommé le « Cube noir » (voir ill.), en raison de sa forme et des panneaux d’aluminium sombres qui le composent, il est loué par certains comme un geste d’architecture contemporaine audacieuse envoyant un message de modernité en plein cœur historique de Florence. Mais la plupart le jugent parfaitement inesthétique, un véritable choc visuel qui dénature le patrimoine urbain et détonne avec l’architecture historique qui l’environne.

Le projet a pourtant reçu l’approbation de la Surintendance, de la Région et de la Commission du Paysage. « C’est vraiment laid, ça ne convient absolument pas à Florence, et peut-être même pas aux normes de hauteur des bâtiments », a déclaré, au Times, l’Allemand Eike Schmidt, l’emblématique ancien directeur de la galerie des Offices. Son entretien accordé au journal britannique a relancé la polémique en pointant l’octroi de permis de construire sans prendre en considération l’impact d’un chantier de cette ampleur. « Nous ne voulons pas que Florence soit retirée de Liste du patrimoine mondial de l’Unesco », s’est alarmé Eike Schmidt, citant le cas récent de Dresde avec la construction d’un pont à quatre voies au-dessus de l’Elbe. « L’Unesco pourrait faire pression sur la Ville pour qu’elle change les couleurs et réduise la hauteur de ce cube, espère l’ancien directeur des Offices à la tête aujourd’hui du Musée Capodimonte de Naples. Il est désormais clair que le projet a été modifié. Quelqu’un a dû autoriser la construction d’un bâtiment plus haut que les paramètres habituels, et plus haut que le théâtre qu’il a remplacé. À qui incombe cette responsabilité ? » C’est ce que cherche à établir le ministère de la Culture qui a demandé un rapport urgent sur la situation. Le tribunal de Florence a également ouvert une enquête pour déterminer si des irrégularités ont été commises lors de la phase de conception et d’approbation du projet.