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Le Musée de la Romanité se livre peu à peu

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 5 octobre 2017 - 760 mots

NIMES

Prévu pour 2018, le nouveau musée de la cité romaine espère placer Nîmes sur la carte des grandes destinations touristiques, grâce à de riches collections et un « geste architectural ».

Le futur Musée de la romanité dessiné par Élizabeth de Portzamparc
Le futur Musée de la romanité dessiné par Élizabeth de Portzamparc
© Stéphane Ramillon | Ville de Nîmes

Nîmes. « Ce n’est pas un musée de site, mais c’est tout comme » : l’architecte Élizabeth de Portzamparc, résume en quelques mots l’impression qui se détache de la visite du chantier du futur Musée de la romanité à Nîmes, qui vient d’être livré par l’architecte le 31 août dernier.

Le futur musée est le cheval de bataille de la Ville de Nîmes depuis la naissance du projet au début des années 2010. Le chantier est d’envergure, avec un budget de 59,5 millions d’euros toutes dépenses confondues pour un bâtiment de 9 200 m2 de surface. « Cette fois-ci, le musée sera à la dimension de la richesse des collections », se réjouit Dominique Darde, conservatrice du Musée archéologique de Nîmes. Recrutée en 1985 par la Ville pour développer un nouveau projet de musée archéologique, la conservatrice a dû patienter plus de trente ans : entre la création du Carré d’Art et plusieurs projets avortés, l’idée semblait au point mort.

La situation se débloque en 2006 : la découverte fortuite de mosaïques exceptionnelle dans les allées Jean Jaurès suscite un très grand intérêt de la part des habitants. La mairie réalise alors l’immense potentiel du patrimoine de la ville et décide de miser dessus pour son développement. « L’Institut national de recherches archéologiques préventives avait fait un grand travail de communication », souligne Dominique Darde.

L’architecte Élizabeth de Portzamparc est choisie en 2012 pour concevoir le bâtiment. « On souhaitait un geste architectural fort face aux arènes de Nîmes sur le dernier emplacement disponible », résume le maire Jean-Paul Fournier. L’architecte a conçu le bâtiment avec la volonté d’« accentuer la notion de complémentarité avec les arènes ». « Face à ce monument, je voulais du léger, du diaphane » et un « dialogue incessant entre les architectures à l’intérieur ». De fait, les points de vue avec l’architecture antique sont multipliés. En point d’orgue, la terrasse végétalisée du musée offre un panorama époustouflant sur la ville. La façade, composée de milliers de lames de verre sérigraphié, est un parti pris qui divise déjà les Nîmois. Difficile cependant de prendre du recul sur cette architecture : quatre grands chênes bouchent la vue de la place des Arènes, au grand dam de l’architecte.
 

Une muséographie monumentale

Dans l’équipement du futur musée, on trouve tous les outils d’une institution visant un public international : une cafétéria et un restaurant sous l’égide d’un chef étoilé, un auditorium de 180 places, une librairie-boutique de 140 m2 au mobilier dessiné par l’architecte et un centre de documentation de 250 m2.

Certaines œuvres monumentales sont déjà en place. Le propylée des Jardins de la fontaine, un ensemble de dix-huit blocs pesant 18,5 tonnes de l’époque augustéenne prend place dans un atrium à l’entrée du bâtiment, à 15 mètres au-dessus du sol. « Le parcours muséographique se déroule autour de ce cœur topographique », explique Dominique Darde. Des vitres disposées à chaque niveau du parcours offrent des points de vue sur ce fronton corinthien et les deux colonnes qui l’accompagnent. Quelques mosaïques sont également déjà présentes dans la salle qui leur est dédiée. Certaines sont en position verticale sur les murs : « C’était la seule solution pour présenter la majorité des collections », concède la conservatrice. La mosaïque de Bellérophon, découverte en 1951, a fait l’objet d’un traitement particulier, installée dans un angle à 45°. Le jardin intérieur n’a pas encore été aménagé, puisque, ville antique oblige, des fouilles préventives ont été nécessaires et les terrassements seront achevés fin février 2018.

Pour diriger le musée, Nîmes a fait le choix étonnant d’une SPL (société publique locale) gérant la billetterie, la communication, la surveillance… Seule la conservation scientifique reste municipale. Créée au début de l’année 2017, la SPL Culture et Patrimoine est présidée par Franck Proust, premier adjoint au maire et député européen : « Nous allons nous atteler à la relance du triangle d’or Nîmes-Arles-Avignon pour faire du musée un poumon, un moteur dans la région », s’enflamme le président, sans toutefois préciser quelles seront les relations du musée avec les Arènes, gérées par la société Culturespaces.

Pour l’équipe municipale, le projet du musée est étroitement lié au dossier de classement de Nîmes à l’Unesco, prévu en 2018, au moment de l’ouverture du musée. Le Musée archéologique recevait avant sa fermeture entre 40 000 et 45 000 visiteurs par an. « Nous attendons entre 150 000 et 200 000 visiteurs », affirme Franck Proust. Le thème de l’exposition inaugurale est déjà choisi : ce sera les gladiateurs.

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°486 du 6 octobre 2017, avec le titre suivant : Le Musée de la Romanité se livre peu à peu

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