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Les ambitions de Nîmes pour son Musée de la romanité

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 15 juin 2018 - 895 mots

NIMES

Doté d’œuvres archéologiques de qualité, l’établissement a été inauguré dans une architecture qui veut faire image. Avec cet outil pensé pour le grand public, Nîmes veut augmenter le nombre de touristes.

Projet du Musée de la romanité de Nîmes
Projet du Musée de la romanité de Nîmes

Nîmes (Gard). Quelques jours seulement après sa feria, la ville de Nîmes pavoise à nouveau pour l’ouverture du Musée de la romanité. Huit ans après le lancement du projet, ce musée d’une surface de 9 200 m2, construit pour un budget de 59,5 millions d’euros TDC (toutes dépenses confondues), voit le jour.

« Nous avons maîtrisé les délais et les coûts », assure Daniel-Jean Valade, l’adjoint délégué à la culture qui a suivi le dossier depuis ses prémices. Inauguré le 2 juin, le bâtiment imaginé par Elizabeth de Portzamparc, lauréate du concours d’architecture, se veut esthétiquement fort : « Nous souhaitions un geste architectural dans la dernière parcelle libre à côté des arènes », explique le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier. Vingt-cinq ans après le Carré d’art, ce Musée d’art contemporain conçu par Norman Foster en vis-à-vis de la Maison carrée, Elizabeth de Portzamparc a dessiné une façade résolument contemporaine composée de milliers de plaques de verre sérigraphié pour répondre aux arches minérales des arènes. En accès libre se laisse découvrir un jardin archéologique aux essences antiques et médiévales et un époustouflant toit-terrasse avec une vue imprenable sur les Arènes.

Au sein du musée, le parcours se déroule chronologiquement autour des très riches collections archéologiques de la Ville, de l’âge du fer à la fin du Moyen Âge : avant et après, les visiteurs sont dirigés respectivement vers le Muséum d’histoire naturelle et le Musée des beaux-arts. Dominique Darde, conservatrice en chef du patrimoine à la tête des collections archéologiques de la ville depuis les années 1980, a su faire preuve de pédagogie, concevant un parcours destiné avant tout au grand public. La patte d’Elizabeth de Portzamparc, lauréate également du concours de muséographie, transparaît parfois à travers des effets trop esthétisants mais fait malgré tout la part belle aux œuvres, à la médiation et au multimédia. Écrans tactiles, vidéos et projections éclairent sans faire gadget l’ancrage et l’impact de la présence romaine sur le territoire nîmois. Surtout, autour d’un atrium de 17 mètres de haut s’exposent des chefs-d’œuvre, certains monumentaux, d’autres plus modestes. L’exceptionnelle mosaïque de Penthée, découverte par l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) en 2006-2007 ; celle de Bellérophon, mise au jour en 1951 ; la frise dite « des Aigles » à la délicatesse extrême ; la précieuse collection de monnaies dont fait partie le fameux « as de Nîmes » ; la collection d’inscriptions latines ingénieusement mise en scène : la qualité des œuvres exposées est à la hauteur des moyens déployés pour construire ce nouveau musée.

Près de 200 000 visiteurs annuels attendus

À Nîmes, les attentes sont grandes : le maire et ses équipes espèrent accueillir entre 150 000 et 200 000 visiteurs annuels. En comparaison, les arènes reçoivent 350 000 visiteurs par an, la Maison carrée 150 000 et la tour Magne 120 000, trois monuments antiques de la ville gérés par Culturespaces en délégation de service public. Pour diriger le Musée de la romanité, la municipalité a cette fois-ci préféré opter pour une société publique locale (SPL), choix original dans le secteur des musées. La SPL « Culture et Patrimoine », dont la Ville de Nîmes est l’actionnaire principal, est chargée de la promotion, de la médiation, de l’accueil du public et de l’exploitation commerciale du musée. Les missions scientifiques du musée restent assurées par Dominique Darde au sein des services municipaux. Avec son auditorium, sa librairie-boutique, son restaurant et son café gérés par le chef étoilé Franck Putelat, sans oublier son salon privatif sur le toit-terrasse, la SPL devrait générer des ressources et des recettes diversifiées.

La ville voudrait capitaliser sur ses monuments, le musée et une éventuelle inscription à l’Unesco (lire l’encadré) pour augmenter les nuitées touristiques dans l’agglomération et faire de Nîmes une destination identifiée sur le plan international. Elle vient de coiffer au poteau Narbonne et son futur musée régional archéologique « Narbo Via », actuellement en construction sous l’égide de la Région Occitanie. Conçu par Norman Foster, le musée devrait ouvrir avec un an de retard en 2020.

Musée de la romanité
16, bd des Arènes, 30000 Nîmes, ouvert tlj, horaires variables selon la période.
Une inscription au Patrimoine mondial à l’horizon
Unesco. « Nous avons encore de bonnes raisons d’espérer » : Mary Bourgade, adjointe au maire de Nîmes, déléguée au tourisme et à la promotion touristique du patrimoine, se veut optimiste sur la candidature de sa ville à l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial lors de la prochaine session de l’Unesco, programmée à Manama au Bahreïn du 24 juin au 4 juillet. Pourtant, les espoirs ont été quelque peu douchés à la mi-mai, lorsque l’Icomos (Conseil international des monuments et des sites) a rendu ses conclusions sur la candidature portée par la France. Selon l’assemblée d’experts, la demande aurait dû être différée pour réaliser « une étude plus approfondie du dossier ». Ceux-ci ont pointé certaines faiblesses et estimé qu’il « n’a pas été montré dans les faits en quoi Nîmes se distingue comparativement des autres villes déjà inscrites sur la Liste du patrimoine mondial. Les critères n’ont donc pas été démontrés et, en conséquence, les conditions d’authenticité et d’intégrité posent question ». La France a néanmoins décidé de maintenir la candidature de la préfecture du Gard. Fin du suspense fin juin à Manama.

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°503 du 8 juin 2018, avec le titre suivant : Les ambitions de NÎmes pour son Musée de la romanité

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