Château - Restauration

Fontainebleau récolte sa première moisson

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 21 janvier 2019 - 701 mots

FONTAINEBLEAU

Le château poursuit son programme pluriannuel de travaux. Les visiteurs vont pouvoir profiter de ses premiers effets directs.

escaliers château Fontainebleau
L'escalier en fer à cheval du château de Fontainebleau, dont les travaux de solidification débuteront en avril.
© Photo : Château de Fontainebleau

Fontainebleau. « Je veux faire entrer Fontainebleau dans la cour des grands », martèle Jean-François Hebert, le président du château. Son ambition pourrait bien se réaliser. Après une baisse consécutive aux attentats de 2015, la fréquentation est repartie à la hausse (515 000 visiteurs en 2018). Il y a encore du chemin pour atteindre le million de visiteurs et ainsi concurrencer les châteaux de Chambord et Chenonceau (Versailles ne joue pas dans la même cour), mais la direction est la bonne.

Jean-François Hebert se félicite aussi de la nouvelle image des lieux – « on parle de nous maintenant ! ». Et de citer les 500 « people » venus assister à une soirée organisée au château par l’émir du Qatar en septembre dernier, les demandes croissantes de visites de VIP ou les milliers de visiteurs du Festival de l’histoire de l’art. Le président se réjouit d’avoir ainsi enclenché le cercle vertueux dans lequel le rayonnement grandissant du château attire des mécènes qui financent des travaux, lesquels en retour profitent à l’image d’un site longtemps assoupi.

Démonstration en a été une nouvelle fois faite avec la campagne d’appel aux dons pour la restauration du célèbre escalier en fer à cheval, construit à partir de 1632 et entré dans la légende depuis les adieux de Napoléon Ier en 1814. Ayant résisté au temps, il nécessitait malgré tout des travaux pour solidifier ses fondations et le protéger des infiltrations d’eau. La somme, 2 millions d’euros, a été récoltée en neuf mois auprès de 400 particuliers, entreprises (Total), mais aussi d’une monarchie pétrolière (Qatar), et complétée par un legs de près de 700 000 euros. Les travaux débuteront en avril prochain et se termineront au printemps 2021.

Le schéma directeur « 2015-2026 »

Mais ces opérations de communication seraient vaines sans le schéma directeur « 2015-2026 ». Ce programme d’investissement de 115 millions d’euros fut précédé de quatre années d’études, « clef du succès » selon le président. Il a ainsi su résister aux tentations de rabotage des différents ministres de la Culture qui se sont succédé depuis son lancement en 2015. Il faut dire que Jean-François Hebert connaît bien les arcanes du pouvoir, pour avoir été notamment le directeur de cabinet de Christine Albanel lorsqu’elle était ministre de la Culture et de la Communication.

2019 marquera la fin de la « phase 1 ». Les années précédentes ont été consacrées aux travaux indispensables mais peu visibles par le public. Ainsi les couvertures de l’aile Louis XV et de l’aile de la galerie de Diane ont été restaurées, des détecteurs de fumée et des bouches à incendie ont été installés, des planchers ont été consolidés, des protections mises en place. Des travaux nécessaires pour empêcher les fuites du toit ou prévenir des vols comme celui qu’a subi le cabinet chinois en 2015. Un début d’incendie a ainsi pu être rapidement maîtrisé l’an dernier grâce à ces nouveaux équipements.

Mais cette année, les visiteurs pourront pleinement profiter des travaux de confort. L’accueil situé dans l’aile Louis XV rouvrira entièrement et sous une forme modernisée, doté de sanitaires dignes de ce nom (en plus grand nombre sur l’ensemble du site) ; la cour ovale sera enfin accessible au public après plusieurs années de fermeture ; un nouveau parcours sera créé tandis qu’un restaurant devrait ouvrir à la fin de l’année, donnant sur le Grand Parterre avec une entrée extérieure. Le théâtre impérial, partiellement ouvert à la visite depuis la première tranche de restauration en 2014, le sera complètement en juin. La « phase 2 » et la « phase 3 » du schéma directeur d’ensemble compléteront jusqu’en 2026 les services que Jean-François Hebert veut offrir à ses visiteurs « afin d’inscrire Fontainebleau dans le parcours de l’honnête homme ».

Méthodiquement, le président s’attaque en parallèle à la réhabilitation du quartier des Héronnières. L’ancienne grande écurie du roi, qui appartient au domaine mais est décentrée par rapport au château, comprend onze bâtiments (13 000 mètres carrés de surfaces utiles) sur 2 hectares. Classée monument historique en 2008, elle nécessite des travaux pour un montant estimé de 25 millions d’euros. L’établissement public a lancé un appel à projets autour de cinq axes, dont l’hôtellerie haut de gamme, l’enseignement et l’équitation.

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°515 du 18 janvier 2019, avec le titre suivant : Fontainebleau récolte sa première moisson

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque