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Accord pour un Cézanne de la collection Gurlitt 

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 3 juillet 2018 - 432 mots

BERNE / SUISSE

Le musée de Bern reste propriétaire de l’œuvre, et les héritiers pourront l’exposer à Aix-en-Provence

Paul Cézanne La Montagne Sainte-Victoire Cornelius Gurlitt Bern
Paul Cézanne, La Montagne Sainte-Victoire (1897), Kunstmuseum de Bern, legs Cornelius Gurlitt.

Les héritiers de Cézanne et le Kunstmuseum de Bern ont finalement trouvé un accord concernant la toile de Cézanne La Montagne Sainte-Victoire, une des nombreuses œuvres de la collection Gurlitt. A l’issue de discussions amiables, l’accord stipule que le musée suisse reste propriétaire de l’œuvre tandis que les héritiers du peintre pourront exposer régulièrement la toile au Musée Granet d’Aix-en-Provence, ville natale de l’artiste. 

L’affaire constitue une des ramifications de la découverte, au printemps 2012, de 1406 œuvres saisies dans l’appartement du fils du marchand d’art Hildebrand Gurlitt. Ce dernier avait été chargé par les nazis de vendre à l’étranger les pièces « d’art dégénéré » confisquées aux musées allemands en 1937. La découverte de sa collection, déclarée détruite en 1945, avait soulevé de nombreuses et délicates questions, en grande partie liées à la provenance des œuvres dont la valeur totale dépasserait le milliard d’euros.
 
Depuis 2012, plusieurs équipes de chercheurs se sont succédé dans la difficile mission de déterminer quelles pièces avaient été acquises légalement et quelles autres relevaient des spoliations nazies. Tâche d’autant plus importante que de nombreuses décisions de justice reposent en grande partie sur ces conclusions. 

Un Matisse intitulé Femme assise s’était ainsi trouvé au cœur d’une longue procédure. La « task force » chargée d’enquêter avait dans un premier temps recommandé la restitution de cette œuvre à la famille du marchand Paul Rosenberg, sans toutefois confirmer la certitude d’une spoliation. Examinant une seconde demande pour la même toile, elle avait retardé l’accord entre les héritiers Rosenberg et Cornelius Gurlitt. Ce dernier avait finalement procédé à un legs global de sa collection en faveur du Kunstmuseum de Bern.  Alors qu’une entente semblait possible, Uta Werner, cousine de Gurlitt, avait contesté le testament, relançant une saga judicaire, dont le dénouement en faveur des propriétaires spoliés reconnus par les experts internationaux a toutefois ouvert la voie à d’autres restitutions d’œuvres. 

En dehors des enjeux privés et face à des problématiques d’une telle ampleur historique, une double exposition destinée à exposer les œuvres mais aussi à présenter l’état actuel de la recherche a été organisée. Un premier volet consacré aux œuvres issues des collections privées de Juifs européens a été présenté au Bundeskunsthalle de Bonn jusqu’en mars 2018.

La seconde partie se tient actuellement au Kunstmuseum de Bern jusqu’au 15 juillet et grâce à  l’accord trouvé cette semaine, la toile de Cézanne sera exposée à partir du 3 juillet au sein de son exposition intitulée « Collection Gurlitt, état des lieux 2e partie, les spoliations nazies et leurs conséquences ». 

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