Justice

Succession Gurlitt : la cousine de Gurlitt contre-attaque

Par Isabelle Spicer (Correspondante à Berlin) · lejournaldesarts.fr

Le 4 mars 2016 - 547 mots

BERLIN (ALLEMAGNE) [04.03.16] - Nouvelle étape dans le procès en appel pour la succession Gurlitt : Uta Werner, une cousine de ce dernier, a remis trois contre-expertises psychiatriques qui pourraient remettre en cause le testament de Gurlitt. La ministre de la Culture a annoncé la préparation d’une exposition Gurlitt à la Bundeskunsthalle de Bonn, pour fin 2016.

La saga Gurlitt se poursuit : près de deux ans après le décès du collectionneur allemand, la bataille pour sa succession dans le procès en appel fait toujours rage. La cousine de Gurlitt a soumis trois contre-expertises psychiatriques qui penchent en sa faveur, affirmant que Gurlitt n’était pas en mesure de rédiger un testament de son libre arbitre en janvier 2014.

Cornelius Gurlitt, décédé le 6 mai 2014, avait désigné dans deux testaments le musée des Beaux-Arts de Berne légataire universel de ces biens. Environ 1 500 œuvres d’art figurent dans ce legs, parmi lesquels environ un tiers d’œuvres d’art « dégénéré » saisies par les nazis dans les musées allemands, et un autre tiers sur lesquels pèsent le soupçon d’avoir été spolié à des familles juives.

Uta Werner a contesté l’an passé le testament en soumettant une expertise psychiatrique réfutant sa capacité de tester : Gurlitt avait déjà été placé sous tutelle au moment où il a rédigé ces testaments. Le tribunal administratif de Munich avait pourtant tranché en faveur du Musée des Beaux-arts de Berne en mars 2015.

L’affaire a été portée devant la Cour d’appel de Munich. Celle-ci a ordonnée une expertise psychiatrique indépendante. Fin décembre 2015, avant même qu’Uta Werner n’en ait eu connaissance, le contenu de l’expertise a fuité dans la presse allemande. Elle donnait raison au musée des Beaux-Arts de Berne, ce dont s’est réjouit – un peu rapidement – la ministre fédérale de la Culture Monika Grütters, une attitude dénoncée par Uta Werner et ses avocats. Ceux-ci se sont étonnés que la ministre de la Culture s’exprime sur une affaire en cours et estiment qu’il s’agit d’une tentative d’influencer le Tribunal, a déclaré en décembre Thomas Pfaff, le porte-parole d’Uta Werner. « C’est contraire au principe de séparation des pouvoirs et au principe du devoir de neutralité du gouvernement fédéral », a-t-il ajouté.

Par ailleurs, la ministre de la Culture a annoncé en novembre dernier la préparation d’une exposition des œuvres de la collection Gurlitt à la Bundeskunsthalle de Bonn pour fin 2016, alors même que le procès en appel n’est toujours pas résolu. Une annonce également dénoncée par les avocats d’Uta Werner. Cette dernière et le musée de Berne avaient jusqu’au 1er mars pour réagir aux conclusions de l’expertise psychiatrique soumise par la Cour d’appel. Les avocats de la cousine de Gurlitt ont soumis trois contre-expertises. Deux d’entre elles arrivent indépendamment à la même conclusion : Gurlitt n’avait pas la capacité de tester au moment de rédiger le testament. La troisième expertise souligne par ailleurs des erreurs méthodologiques dans l’expertise ordonnée par la Cour d’appel. La balle est maintenant dans le camp de la Cour d’appel de Munich : elle peut soit trancher au vu de l’expertise et des contre-expertises, ou bien ordonner un autre avis par un expert en chef. Quoi qu’il en soit, les avocats d’Uta Werner ont prévenu que même si le procès en appel lui était défavorable, il leur restait d’autres recours juridiques.

Légende photo

Conrad Felixmüller (1897-1977), Paar in Landschaft (Couple à la campagne) (1924), aquarelle, 58,80 x 44,60 cm, ex-collection Cornelius Gurlitt © Photo Staatsanwaltschaft Augsburg

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