Nomination

L’État, piètre employeur

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 19 octobre 2018 - 406 mots

PARIS

L’État est décidément un bien mauvais DRH comme en témoigne la vacance actuelle de plusieurs postes de direction dans l’administration centrale ou chez les opérateurs culturels.

On peut comprendre que l'État soit pris au dépourvu lorsque ce sont les intéressés eux-mêmes qui claquent la porte brusquement, à l’exemple de Sylvie Hubac à la tête de la RMN-Grand Palais. Mais la conseillère d’État est partie depuis bientôt cinq mois. Est-ce si difficile de lui trouver un/e remplaçant/e ? La situation est encore plus incompréhensible pour la direction de la Création artistique, l’un des trois piliers du ministère de la Culture. Régine Hatchondo avait pourtant annoncé son départ en avril, ce qui devait laisser le temps à la ministre de trouver un nouveau titulaire avant son arrivée à Arte, prévue en juin. Là aussi, toujours pas de nomination. Du côté du patrimoine, ce n’est guère mieux. Le service des Musées de France est sans patron depuis le départ de Marie-Christine Labourdette le 1er mars (oui mars !) et celui du directeur lui-même, Vincent Berjot, le 7 juillet. Le ministère a prétexté l’audit confié à Philippe Bélaval (qui a remis son rapport en septembre) pour surseoir à ces deux remplacements.

La vacance est encore plus incompréhensible lorsque c’est l’État-employeur lui-même qui décide de ne pas renouveler l’un de ses serviteurs et qu’il peut anticiper la succession. Jean-Marc Bustamante, le directeur des Beaux-Arts de Paris, a appris qu’il ne serait pas renouvelé le 6 juillet pour une fin de mandat le 9 septembre. Même scénario pour Murielle Mayette-Holtz à la Villa Médicis, à Rome, à qui la ministre a annoncé sa non-reconduction le 6 septembre alors que son mandat se terminait le 16 du même mois. Depuis on attend. On attend également que l’État veuille bien nommer un successeur à Aurélien Rousseau, président-directeur général de la Monnaie de Paris, parti en catimini cet été alors que son mandat devait durer jusqu’en mai 2022. Un remplacement qui là encore aurait pu être préparé alors que l’intéressé avait accepté quelques mois après son arrivée de conduire une mission sur les hôpitaux de Paris, prélude à une nomination à la tête de l’Agence régionale de santé d’Île-de-France.

Emmanuel Macron Start-Up Nation
Emmanuel Macron en décembre 2014 lors d'une conférence sur les technologies numériques - Montage Le Journal des Arts

Cette absence d’anticipation manque singulièrement de professionnalisme pour une « start-up nation ». Il est vrai que le cabinet de l’ex-ministre, à la manœuvre dans les nominations, n’a cessé de changer de conseillers. À moins qu’Emmanuel Macron n’attendît l’arrivée du nouveau ministre pour lui laisser choisir les remplaçants ?

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°509 du 19 octobre 2018, avec le titre suivant : L’État, piètre employeur

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