Nomination

Muriel Mayette-Holtz : « J’ignore les raisons qui ont amené Françoise Nyssen à cette décision »

Par Christine Coste · lejournaldesarts.fr

Le 10 septembre 2018 - 750 mots

ROME / ITALIE

La directrice de la Villa Médicis ne comprend pas les raisons qui ont conduit à sa non reconduction.

Muriel Mayette-Holtz, directrice de la Villa Médicis
Muriel Mayette-Holtz, directrice de la Villa Médicis, 2017

Le lundi 3 septembre 2018 Muriel Mayette-Holtz accueillait les nouveaux pensionnaires de la Villa Médicis. Le mercredi soir, Françoise Nyssen lui annonçait par téléphone sa non reconduction à la direction de l’Académie de France à Rome. Douze jours donc avant la fin de son mandat, Muriel Mayette-Holtz se voyait ainsi remercier pour « son action engagée à la tête de l’établissement ».  

Dans une tribune dans le Figaro la directrice de la Villa Médicis ne manquait pas de relever dans la foulée la brutalité de l’annonce, l’absence d’explications et « le mépris pour le travail accompli ». « Ce que l’on peut m’opposer je le lis dans la presse », souligne Muriel Mayette-Holtz au Journal des Arts. « Très sincèrement, j’ignore les raisons qui ont amené Françoise Nyssen à cette décision. Certes lors de notre rencontre au ministère en juillet dernier, elle m’a fait état d’une situation crispée mais sans opposer d’arguments ».

« Une situation crispée » que Murielle Mayette-Holtz sait en lien avec le courrier virulent envoyé en juin 2018 rue de Valois et à l’Elysée par dix résidents de la promotion 2017-2018 s’élevant contre l’administration de la Villa Médicis. Courrier qui n’était pas sans faire écho à la tribune d’anciens pensionnaires dans le Monde du 21 mars 2018 contre « la dérive de l’institution et sa transformation progressive en entreprise culturelle », et « la détérioration des conditions de vie et de travail des pensionnaires ».

Muriel Mayette-Holtz le rappelle : « les critiques de pensionnaires fraîchement sortis de l’Académie de France à Rome sont légion dans l’histoire de l’institution ». Quant à leurs critiques vis-à-vis de la réforme de leur statut entrée en vigueur en septembre 2017 et imposée « de façon brutale et non concertée », elle rappelle sa préconisation dans le rapport d’Éric de Chassey sur la réforme des résidences à la Villa Médicis commandé par Aurélie Filippetti et remis à la ministre de la Culture en novembre 2013.  

En juin, la rencontre à l’Élysée avec Claudia Ferrazzi, conseillère culture du Président, et Alexis Kolher, secrétaire général, ne lui avait pas davantage apporté d’éclaircissements sur sa reconduction ou non. « Je leur ai exposé le travail que j’ai effectué et rappelé les trois inspections positives du Sénat, du ministère du Budget et du ministère de la Culture. Je leur ai fait part aussi de mon souhait de savoir ce qu’ils envisageaient afin de pouvoir anticiper. Je n’ai pas jamais eu de réponse ».  « Contrairement à ce que j’ai pu lire, je n’ai jamais débarqué Claudia Ferrazzi de son poste de secrétaire général de la Villa Médicis », précise Mayette-Holtz. « Elle est partie à la fin de son mandat puis s’est engagée dans la campagne présidentielle auprès d’Emmanuel Macron ». 

Durant ces deux derniers mois, Muriel Mayette-Holtz n’a pas réussi davantage à rompre le silence de Thierry Tuot président du conseil d’administration de l’Académie de France à Rome auquel le Président de la République a confié le 26 juin dernier une mission de diagnostic des forces et faiblesses des résidences publiques et privées afin de « proposer un système national de sélection et d’orientation des artistes ». 

Dans sa lettre de mission le conseiller d’État a aussi été chargé de faire des propositions d’évolution pour la Villa Médicis et de préciser le programme des Ateliers Médicis à Clichy-Montfermeil. Ateliers qu’il préside et dont il a conçu le montage administratif et financier à la demande en 2013 d’Aurélie Filippetti de François Lamy, ministre délégué à la Ville.    

« Les propositions que j’ai envoyées à Thierry Tuot sont restées sans réponses. Les présidents de la Casa de Velásquez et de la Villa Kujoyama n’ont pas été davantage invités à participer à la réflexion », note Muriel Mayette-Holtz. Elle s’en étonne compte tenu de « leurs bonnes relations et de son appui dans les développements de la Villa » qu’elle a engagées depuis 2016 « en accord et le soutien du ministère de la Culture » mais également dans la lignée de la réforme de la Villa voulue et engagée par Aurélie Filippetti.   

Dans l’attente du rapport de Thierry Tuot qui devait être remis le 10 septembre au plus tard, Françoise Nyssen a proposé à Muriel Mayette-Holtz d’assurer l’intérim en attendant la nomination de son successeur. Proposition qu’elle a déclinée. Dimanche 16 septembre, date de sa fin de mandat, elle quittera ses fonctions. 

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