Foire & Salon

FOIRE INTERNATIONALE D’ART CONTEMPORAIN

Le grand retour de la Fiac

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 20 octobre 2021 - 866 mots

PARIS

Pour cette édition physique très attendue après son annulation en 2020, la Fiac s’installe dans une configuration contrainte au Grand Palais éphémère et se double d’une nouvelle version en ligne.

Le Grand Palais Éphémère. © RMN-GP / Patrick Tourneboeuf
Le Grand Palais Éphémère.
© RMN-GP / Patrick Tourneboeuf

Paris. Cette année, la Fiac quitte le Grand Palais où elle était revenue en 2006. En emménageant dans la structure éphémère installée sur l’esplanade des Invalides, elle doit faire face à de nouvelles contraintes. Malgré l’extension que lui offre l’aile supplémentaire de la galerie Eiffel, la foire perd en effet un quart environ de sa superficie et elle a dû limiter celle des stands à 60 mètres carrés. Elle renonce également à son vis-à-vis avec le Petit Palais où se déroulait depuis 2016 le programme « Fiac Projects », de même qu’à la piétonnisation de ses abords immédiats. En succédant à Art Paris au Grand Palais éphémère, la foire prend place dans un calendrier de rentrée chargé, après Art Basel à Bâle et Frieze à Londres. Enfin en raison d’un contexte sanitaire toujours compliqué, elle doit composer cette année avec l’absence d’une partie des enseignes étrangères qui contribuent à son rayonnement international, en particulier les galeries américaines et asiatiques, moins nombreuses qu’à l’accoutumée. La sélection parvient cependant à maintenir une proportion de deux tiers de participants étrangers pour un tiers de français. Cette 47e édition rassemble 174 exposants (*), contre 193 en 2019.

La foire peut compter sur la présence de quelques multinationales de l’art à l’exemple de Gagosian. À l’exemple encore de Hauser & Wirth, dont l’accrochage, qui comporte une œuvre récente de David Hammons – à l’honneur jusqu’au 31 décembre à la Bourse de commerce –, fait un clin d’œil à l’actualité parisienne, mais aussi à son histoire : un des chefs-d’œuvre du stand est en effet une toile d’Ed Clark (Untitled, 1954) peinte par l’artiste américain alors qu’il vivait à Paris. Ou de David Zwirner, qui met en regard des sculptures d’Harold Ancart avec un ensemble de dessins de Josef Albers, en écho à l’exposition (« Anni et Josef Albers ») à l’affiche du Musée d’art moderne de Paris.

Une place à l’émergence

Avec un prix de location de 640 euros HT le mètre carré pour les grands stands (et de 690 euros pour les plus vastes), la participation à la foire reste un investissement important, corrélé à la force des enjeux. La Fiac est une vitrine où les marchands ont envie de briller : c’est ici qu’Applicat-Prazan (Paris) dévoile un tableau de Nicolas de Staël quasiment inédit sur le marché, ou que la galerie Loevenbruck présente un rare Marcel Storr. C’est à la Fiac que Clearing (Paris) met en avant « une pièce grandiose » de Jean-Marie Appriou tandis que Joseph Allen (Paris) présente un ensemble de sculptures de coquillages de Trevor Yeung (né en Chine en 1988) que le galeriste attendait patiemment depuis six ans…

Le quarteron des meilleures galeries de design parisiennes est fidèle au rendez-vous – même si l’on a déjà vu il y a quelques semaines la Galerie Kreo au Grand Palais éphémère, dans le cadre d’Art Paris. Bien qu’à l’étroit dans ses nouveaux espaces, la foire ménage par ailleurs toujours une place à l’émergence : le secteur « Jeunes galeries » remplace le secteur « Lafayette » en réunissant une dizaine de jeunes structures internationales, garantes d’un regard plus prospectif. La présence sur la foire d’un secteur réservé aux galeries spécialisées dans l’édition de multiples et d’objets d’artistes témoigne quant à elle d’une volonté d’ouvrir les portes à un public susceptible d’acheter de l’art à un prix abordable. N’oublions pas que, à 35 euros, l’entrée la billetterie reste une source de revenus importante pour la Fiac. Cette volonté d’ouverture était à l’origine de son « Hors les murs ». Ce programme se poursuit avec le désormais traditionnel parcours d’œuvres du jardin des Tuileries, et au Musée Eugène-Delacroix, par une exposition faisant dialoguer les tableaux du peintre romantique avec des œuvres récentes de Jean Claracq. « Il y a des gens pour lesquels “faire la Fiac”, c’est aller voir les œuvres aux Tuileries. Et c’est très bien ainsi », rappelait Jennifer Flay lors de la conférence de presse. Le festival de performances, « Parades for Fiac », sera réparti pour sa part entre le Centre Pompidou, la Bourse de commerce-Pinault Collection et l’Auditorium du Musée du Louvre.

Enfin la version numérique de la manifestation constitue un volet important de son évolution. La deuxième édition de la Fiac OVR (Online Viewing Rooms), qui s’ouvre en même temps que la foire physique, se prolonge jusqu’au 25 octobre. Rassemblant 212 exposants dont une quarantaine seront présents uniquement en ligne, elle héberge aussi cette année la plateforme « Conversation Room », dont le cycle de conférences est organisé en collaboration avec des institutions et des collectifs français et étrangers.

Reste que la Fiac physique est plus que jamais attendue par le milieu de l’art et se doit d’être exemplaire. « C’est devenu un marqueur symbolique de la rentrée parisienne, relève Jennifer Flay. Nous avons conscience que nous devons produire un événement en tout point conforme à l’attente du public, avec toutes les retombées possibles pour la ville et les institutions. »

ERRATUM - 21 octobre 2021

(*) Contrairement à ce que nous avons écrit dans le JdA n°575, il y a bien 174 galeries présentes, et non 160, à la 47e édition de la Fiac.

Foire internationale d’art contemporain,
du 21 au 24 octobre, Grand Palais éphémère, place Joffre, 75007 Paris, jeudi et vendredi 12h-20h, samedi et dimanche 12h-19h, www.fiac.com

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°575 du 15 octobre 2021, avec le titre suivant : Le grand retour de la Fiac

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