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La « Moderne Art Fair » réinvente Art Élysées

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 21 octobre 2021 - 687 mots

PARIS

Cette nouvelle foire « off » se veut plus sélective que son aïeule, et se recentre sur l’art moderne. Installée sur les Champs, elle n’y occupe plus que deux pavillons.

Le stand de la galerie Marc Calzada (Barcelone) à la Moderne Art Fair 2021 © Photo Clotilde Bednarek pour LeJournaldesArts.fr
Le stand de la galerie Marc Calzada (Barcelone) à la Moderne Art Fair 2021.
© Photo Clotilde Bednarek pour LeJournaldesArts.fr

Paris. On pourrait s’y méprendre : installée sur le même emplacement, de la place Clemenceau à la Concorde, et alignée sur le même calendrier – calé sur celui de la Fiac –, cette nouvelle foire semble a priori dans la continuité d’Art Élysées (dont 2019 a vu se tenir sa dernière édition) ; elle en reprend d’ailleurs nombre d’exposants. La « Moderne Art Fair » procède cependant d’une volonté de rupture. « Nous conservons les dates, stratégiques, pendant la semaine de l’art, et le lieu au cœur de Paris, mais il s’agit bien d’une nouvelle foire », assure Adeline Keit, sa directrice générale. Si l’équipe est en grande partie restée la même, elle s’émancipe en effet du propriétaire et fondateur d’Art Élysées, Joël Garcia, pour renouveler son image de marque. Son positionnement sur l’art moderne est renforcé, sans tourner le dos à l’art contemporain, pour autant qu’il présente un caractère historique : les mouvements Fluxus ou Supports-Surfaces, par exemple, auront leur place sur le salon.

Abstraction géométrique ou lyrique

La foire rassemble une cinquantaine de galeries, dont plus des deux tiers sont françaises et en grande partie parisiennes. On retrouve dans la sélection d’anciennes fidèles d’Art Élysées telles que la galerie Berès, Baudoin Lebon, Mark Hachem, la Galerie des Modernes ou encore la Galerie Capazza (Nançay, Cher), qui expose sur son stand quelques-uns des céramistes ayant renouvelé la discipline après la guerre (Robert Deblander, Élisabeth Joulia, Jean et Jacqueline Lerat, Yves Mohy…).

Véronique Smagghe, que l’on voyait ces dernières années sur le salon Galeristes, dont l’édition 2021 est annulée, se console avec deux stands en parallèle où sont présentés deux solos. Le premier, consacré à Vera Molnár, comprend une sélection d’œuvres géométriques et d’autres de la série « Sainte-Victoire ». Le second solo célèbre trente années de collaboration avec l’artiste Judith Wolfe, héritière de l’expressionnisme abstrait dont les grands papiers japonais marouflés sur toile offrent d’éblouissantes explosions de couleurs.

Parmi les exposants étrangers, la Galerie 38 (Casablanca) offre de découvrir ou de retrouver quelques grands noms de la scène africaine, tandis que Christopher Cutts (Toronto) présente le peintre abstrait canadien Harold Town (1924-1990). Au nombre des nouvelles venues, la jeune Galerie Faidherbe (Paris) met pour sa part en avant des peintres de l’abstraction lyrique tels que Gérard Schneider, que l’on redécouvre, ou de la nouvelle école de Paris, comme Alfred Manessier.

La Moderne Art Fair offre une superficie plus réduite que celle occupée par Art Élysées. Elle occupe deux pavillons au lieu des quatre qui s’alignaient auparavant sur les Champs, se défaisant au passage du street art qui avait pris une place importante dans la foire. « L’art urbain était commercialement porteur, mais cela ne correspond plus à notre identité », explique Adeline Keit. La sélection ménage en revanche une place au design, mais sans lui assigner un secteur particulier, faute sans doute d’effectifs suffisants : les rares galeries spécialisées dans ce domaine seront mélangées aux autres exposants. L’Atelier Jespers de Jean-François Declercq (Woluwe-Saint-Lambert, Belgique) présente ainsi « Ionik », la nouvelle série, en marbre, du designer Anthony Guerrée.

Enfin cette édition inaugurale dédie une exposition à la figure flamboyante du collectionneur et marchand grec Alexandre Iolas. Le danseur reconverti en galeriste contribua dans les années 1960 à la reconnaissance par le marché des surréalistes, lesquels avaient toujours refusé d’en faire partie. Installé à New York, mais aussi à Paris, Milan et Genève, il défendit ensuite avec succès De Chirico, Matta ou Lam, avant de s’intéresser aux Nouveaux Réalistes. Pour cet hommage à Iolas, qu’il fréquenta, le richissime collectionneur et marchand David Nahmad prête quelques-unes des œuvres de sa propre collection (Brauner, De Chirico, Max Ernst, Fontana…). Ainsi, c’est aussi son influent parrain que la foire salue discrètement à travers cette rétrospective. Membre du comité artistique, David Nahmad apporte en effet sa caution à la Moderne Art Fair dans une période où les foires luttent pour la pérennité de leur modèle. Cette première édition se décline d’ailleurs en ligne, avec un site Internet hébergeant à l’année l’ensemble des galeries.

Moderne Art Fair,
du 21 au 25 octobre, avenue des Champs-Élysées, 75008 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°575 du 15 octobre 2021, avec le titre suivant : La « Moderne Art Fair » réinvente Art Élysées

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