Galerie - Spécial Covid-19

Dans les galeries « on s’habitue à une forme de normalité détestable »

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 20 novembre 2020 - 333 mots

FRANCE

Expositions interrompues ou annulées, télétravail ou équipes au chômage partiel, ce deuxième confinement ressemble fort au premier.

Une galerie vide. © Zhuwei, Pixabay License
Une galerie vide.
Photo Zhuwei

Paris, Romainville. Les galeries ont dû une nouvelle fois fermer leurs portes, le 30 octobre, « comme tous les établissements recevant du public », souligne Marion Papillon, la présidente du Comité professionnel des galeries d’art. « En mars, on avait le sentiment de vivre un moment historique, c’était un arrêt total, inédit. Cette fois-ci on s’habitue à une forme de normalité détestable tout en essayant de maintenir une activité », analyse Vincent Sator (Galerie Sator), qui dit éprouver, davantage que de la colère, une frustration, « car la rentrée avait été très bonne ». Même regret chez Christophe Gaillard : « L’exposition “Hélène Delprat” marchait bien. J’ignore quand nous pourrons rouvrir mais nous allons certainement la prolonger. »

Au-delà de cette résilience affichée, l’inquiétude de nombreux marchands grandit avec l’incertitude. Et, les protocoles sanitaires étant respectés dans leurs espaces, ils estiment que la réglementation les pénalise injustement en les privant des contacts indispensables à l’exercice de leur métier. « La galerie représente une vingtaine d’artistes, privés d’expositions, de visibilité, c’est une lourde responsabilité », souligne Georges-Philippe Vallois (Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois), qui croit cependant que, « dans les périodes sombres, l’art conserve plus que jamais un attrait très spécifique».

Alors que plusieurs galeries s’inscrivent sur les viewing rooms, ces plateformes mises en place par les foires, la question du basculement vers le numérique divise. Nouveau venu dans le Marais, où il a ouvert en novembre 2019 la galerie ETC, Thomas Benhamou l’estime « indispensable ». Les enseignes les plus importantes se sont déjà donné les moyens de cette présence en ligne. Certaines, comme Applicat-Prazan, jouent même la carte du « click & collect ! ». Mais cette transformation digitale induit des frais supplémentaires, qui viennent s’ajouter aux charges fixes. « Or la question des loyers est pour l’instant sans réponse », explique Marion Papillon, qui poursuit les discussions avec le ministère et espère par ailleurs une solution dérogatoire afin que les galeries puissent recevoir sur rendez-vous. Ce que font déjà certaines, discrètement.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°555 du 13 novembre 2020, avec le titre suivant : Dans les galeries « on s’habitue à une forme de normalité détestable »

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