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Le chiffre d’affaires des galeries en chute libre en 2020

Par Jean-Christophe Castelain · lejournaldesarts.fr

Le 2 février 2021 - 693 mots

FRANCE

Selon une enquête du Comité des galeries, 78 % des répondants déclarent des baisses de CA pouvant aller jusqu’à plus de 50 %.

Marion Papillon © Photo Olivier Marty
Marion Papillon
© Photo Olivier Marty

Une enquête du Comité professionnel des galeries d’art (CPGA) lève un peu le voile sur l’impact du Covid sur les galeries, d’ordinaire peu enclines à donner des chiffres. Il ne s’agit certes que de 122 répondants parmi les 279 adhérents du CPGA…. parmi les 2 200 galeries en France (source : DEPS 2012). Par ailleurs, les chiffres ne sont pas consolidés, empêchant toute vue d’ensemble. Mais enfin, c’est mieux que rien et à défaut de représentativité, cela donne des indications.

Première indication, le CA des galeries a plongé en 2020, surtout pendant les 3 mois de fermeture au printemps. 31 % des répondants déclarent des baisses de 25 à 50 %, tandis que 33 % des répondants enregistrent des chutes de plus de 50 %. On s’attendait à des chiffres catastrophiques, mais pas à ce point. Autre surprise, les plus fortes baisses concernent à la fois, les très grandes galeries (CA > 3 M€) et les toutes petites galeries (< 550 000 €). 

« Paradoxalement, la fréquentation a augmenté dans nos galeries, remarque Marion Papillon, la présidente du CPGA, mais ces nouveaux visiteurs ne sont pas forcément des acheteurs. » Par ailleurs, « en temps normal, il n’y a pas assez d’acheteurs pour tout le monde, alors c’est logique qu’en cette période de crise, même si le pouvoir d’achat des collectionneurs n’a pas fondu, ces derniers préfèrent arbitrer au profit d’autres dépenses et au détriment des achats d’art qui restent des achats plaisir » explique-t-elle.
Mais dans le même temps, 22 % des répondants ont maintenu ou augmenté leur CA, principalement dans des galeries moyennes (entre 0,55 et 3 M€ de CA annuel). Il aurait été utile de creuser ce point et comprendre pourquoi près d’un quart des répondants ont mieux encaissé la crise que d’autres. Est-ce, comme le dit Marion Papillon parce que pour certaines de ces galeries l’année 2019 n’était déjà pas très bonne ? Est-ce parce que ces galeries ont exposé en priorité leurs artistes les plus achetés ? Ou tout simplement parce que ces galeries ont été plus commerçantes que d’autres, sollicitant plus que d’habitude leurs clients fidèles ?

Diminuer les charges, la course à la trésorerie

Pour se tenir à flot, les répondants ont activé toutes les aides gouvernementales. 59 % des répondants ont mis leurs salariés en chômage partiel, 32 % ont bénéficié d’exonérations de charges sociales, et la moitié ont sollicité un Prêt garanti par l’Etat (PGE). Une petite moitié ont obtenu une aide du Fonds de solidarité, une petite moitié qui se recrute fort logiquement parmi les petites galeries. 
L’enquête ne dit pas quels sont les montants perçus et a fortiori si ces aides ont permis d’avoir suffisamment de trésorerie pour payer les dépenses incompressibles, parmi lesquelles le loyer puisque 85 % des répondants louent leur espace. 71 % des galeries ont sollicité une « modulation » de leur loyer auprès de leur bailleur, parmi elles, 32 % ont subi un refus contre 38 % qui ont obtenu une baisse. En revanche, 27 % des galeries ont dû réduire leur personnel, mais on ne sait pas combien de salariés sont concernés.

En attendant les foires

L’enquête signale également qu’un répondant sur quatre a vendu une œuvre au Centre national des arts plastiques (CNAP) et qu’un répondant sur cinq a vendu une œuvre à un FRAC. 26 % des répondants ont également vendu au moins une œuvre aux entreprises. En fait tout le monde a vendu à un peu tout le monde et c’est la seule conclusion que l’on peut tirer de cela. 

Ce qui est sûr c’est que le numérique ne semble pas être le remède tant claironné et que les galeries sont très pénalisées par l’absence de foires. 74 % des répondants font de la participation aux futures foires leur priorité principale pour les temps à venir.

Au fond, pour Marion Papillon, le risque pour le secteur réside moins dans la multiplication des dépôts de bilan à court terme, que dans la capacité à investir au sortir de la crise c’est-à-dire avoir suffisamment de trésorerie pour aller dans les foires, acheter des œuvres d’artistes décédés (l’activité de second marché progresse très vite) ou miser sur de jeunes artistes.

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