Suzanne Tarasiève exhume les séries historiques du photographe ukrainien.
Paris. La dernière exposition de Boris Mikhaïlov (né en 1938) à la galerie Suzanne Tarasiève fut la dernière à être signée par la galeriste elle-même. C’est donc avec une certaine émotion que le photographe ukrainien retrouve trois ans plus tard les espaces du Marais, pour un nouveau focus sur son œuvre. Le choix se concentre cette fois-ci sur trois séries réalisées dans les années 1960-1970, autrement dit ses débuts, quand, alors ingénieur, Mikhaïlov fut renvoyé pour avoir préféré photographier des femmes nues sur le site industriel où il travaillait plutôt que de réaliser le reportage sur l’usine que lui avait commandé ses employeurs.
De ces photographies réalisées à Kharkiv durant la période soviétique, période durant laquelle interdit se conjugue avec répression, la série « Yesterday’s Sandwich », passée depuis à la postérité, est la plus emblématique ; son principe est l’association de deux diapositives en couleurs, avec une image de propagande confrontée à une autre du quotidien. La galerie expose cinq pièces, toutes uniques, issues de « Yesterday’s Sandwich », pour un prix s’étageant entre 16 000 et 35 000 euros selon le format.
La dualité des images créée par la superposition, réunion métaphorique et dichotomique de la réalité soviétique, avait déjà été expérimentée dans la série « Dvoyky ». Tout à fait méconnue, cette dernière n’a été exposée qu’une seule fois, à San Sebastián, en Espagne, lors de la 5e édition de Manifesta, en 2004 ; la première série conceptuelle de Mikhaïlov est ici développée sur tout un mur de la galerie. L’alignement d’une soixantaine de tirages en noir et blanc met en valeur des images de petit format, relatives à la vie quotidienne à Kharkiv et associées par paire, l’une au-dessus de l’autre, car le tirage coûtait alors très cher. Aussi méconnue que « Dvoyky » est la série « Color Backgrounds » [voir ill.], développée ici en 28 photos. Lors de la récente édition de Paris Photo, la galerie en a exposé d’autres exemplaires avec succès, notamment auprès d’institutions américaines ou anglaises. Les pièces uniques de cette série, des images en noir et blanc du quotidien, colorisées à la main et collées sur une feuille de papier couleur, se jouent du réalisme socialiste mais font formellement référence au constructivisme. Leur prix s’établit quant à lui à 9 500 euros pièce contre 8 500 euros pour celles de « Dvoyky ».
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Retour aux débuts de Boris Mikhaïlov
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°667 du 12 décembre 2025, avec le titre suivant : Retour aux débuts de Boris Mikhaïlov





