Société

L’étau se resserre autour de la famille Sackler

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 2 avril 2019 - 292 mots

NEW YORK / ETATS-UNIS

Attaquée de toutes parts, la société Purdue Pharma, qui commercialise un médicament antidouleur responsable de milliers de morts, freine son mécénat culturel.

Arthur Sackler (1913-1987), un des 3 frères fondateurs de Purdue - Photo Smithsonian's Freer and Sackler Galleries
Arthur Sackler (1913-1987), un des 3 frères fondateurs de Purdue.

New York. Il y a quelques jours, les branches anglaises des fondations de la famille Sackler, qui possède la société Purdue Pharma, ont annoncé qu’elles renonçaient à donner 1,3 million de dollars à la National Portrait Gallery. Cette dernière s’est empressée d’indiquer que cela se faisait avec son accord. Peu après, de l’autre côté de l’Atlantique c’est au tour du Musée Guggenheim de New York d’annoncer qu’il refuserait dorénavant d’accepter tout mécénat de la famille Sackler, en insistant sur le fait qu’il n’avait reçu aucune aide depuis 2015.

Cette communication opportuniste permet aux musées concernés de se racheter une bonne conduite à peu de frais face aux protestations de plus en plus nombreuses des milliers de victimes de l’OxyContin. Ce médicament antidouleur qui a fait la fortune de Purdue Pharma et de la famille Sackler est très addictif avec des effets indésirables, qui provoquent tous les jours de nombreux décès. L’une de ses victimes est la photographe américaine Nan Goldin (66 ans), qui mène une guerre sans merci contre la firme… et les musées que l’entreprise ­soutient.

Outre les protestations des associations de victimes incompatibles avec une politique de mécénat, ce sont des considérations économiques qui poussent la famille Sackler à se mettre en retrait. Purdue Pharma est poursuivie par des milliers de plaignants, la presse américaine évoque le chiffre de 10 milliards de dollars de risques d’indemnités ; au point que l’entreprise envisage de déposer le bilan pour se protéger de condamnations à venir. Au Louvre, dont l’une des salles porte le nom de la famille, on précise qu’aucune opération de mécénat n’a eu lieu avec elle depuis 1997.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°520 du 29 mars 2019, avec le titre suivant : L’Étau se resserre autour de la famille Sackler

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