L’enfance cachée d’arc en rêve

Un centre d’architecture militant

Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1996 - 460 mots

Les ateliers pédagogiques proposés aux enfants bordelais par le centre d’architecture arc en rêve témoignent d’un investissement réel dans l’action de terrain et de proximité, complémentaire des activités d’expositions et d’éditions rassemblées aux entrepôts Lainé. Malgré cela, le centre verra sa subvention municipale diminuée, l’obligeant à rechercher d’autres financements, en particulier privés.

C’est une histoire d’iceberg, même si, en l’occurence, la face immergée n’est pas beaucoup plus importante que la partie visible. Mais tout de même. Il y a le côté face d’arc en rêve, le plus connu : mille mètres carrés d’espaces d’exposition situés au cœur de Bordeaux dans les désormais célèbres entrepôts Lainé (partagés avec le CAPC, Musée d’art contemporain), qui ont permis à l’association d’accueillir et de faire découvrir aux Bordelais quelques-unes des plus brillantes figures de la galaxie architecturale internationale (Jean Nouvel,  Dominique Perrault, Steven Holl…) – mais aussi, il est bon de le rappeller, de faire redécouvrir à la communauté architecturale nationale quelques éminents architectes locaux, comme en témoigne l’exposition actuelle consacrée aux architectes bordelais Salier, Courtois, Lajus, Sadirac, Fouquet.

Jeux de construction
Et il y a le côté pile : les ateliers pédagogiques qui permettent chaque année (en association avec les écoles ou les centres sociaux) à treize mille enfants et adolescents bordelais de toutes origines sociales de s’initier à l’architecture. Chacun dispose d’une logistique très au point : jeux de construction pour s’initier avec l’art de concevoir des volumes ; installations pour éveiller la sensibilité spatiale et l’imaginaire des enfants ; mallettes contenant une série d’éléments caractéristiques permettant de comprendre un édifice, un objet ou même une forme urbaine ; chantiers avec briques et blocs pour apprendre les règles élémentaires de la construction, etc…

Exposition Portzamparc en février
Cet investissement dans l’action de terrain aura sans doute permis au centre de défendre plus facilement la légitimité de son action auprès de la nouvelle équipe municipale, l’intérêt du rayonnement national – voire international –, conquis en particulier grâce aux expositions, étant apparement moins bien perçu dans une ville encore marquée par un certain provincialisme. Malgré cela, la dotation municipale de 1996 va diminuer (passant de six à quatre millions) et le centre ne bénéficiera plus de mise à disposition de personnel. Des financements complémentaires privés permettront malgré tout de maintenir un budget presque équivalent (six millions, contre sept en 1995) et une programmation combative.

Trois grandes expositions sont en effet prévues pour cette année : Christian de Portzamparc du 23 février au 24 mai, Renzo Piano pendant l’été, et, à la fin de l’année, Rem Koolhaas. D’ici là, les Bordelais percevront peut-être mieux l’intérêt d’une ouverture internationale que jalousent les Parisiens eux-mêmes, … en particulier si l’assainissement des finances de la Ville permet d’accélérer la mise en œuvre du projet des Deux rives de Dominique Perrault.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°21 du 1 janvier 1996, avec le titre suivant : L’enfance cachée d’arc en rêve

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