Des musées chichement dotés

Le Musée des beaux-arts s’agrandit mais reste petit

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1996 - 537 mots

Malgré l’extension du Musée des beaux-arts, la ville ne dispose pas d’un lieu à la mesure de ses collections. Le Musée des arts décoratifs, quant à lui, reste figé dans des conceptions muséographiques poussiéreuses. Cependant, le Musée Goupil propose un projet original, tout comme le Musée d’histoire d’Aquitaine.

"Je suis arrivé en 1990 pour établir le programme de construction du futur Musée des beaux-arts. Mais la Ville a finalement renoncé, incapable de financer un tel équipement", avoue, dépité, François Ribémont, conservateur du musée. Prévu dans le quartier Bastide, le nouveau bâtiment devait être le point de départ du réaménagement de ce quartier en déshérence.

Pour expliquer ce renoncement, François Ribémont estime que "Jacques Chaban-Delmas n’a pas mesuré l’ampleur de la crise économique de la Ville. Pour lui, la culture demeurait prioritaire, hors des contingences. La Chambre régionale des comptes l’a mis en demeure de s’arrêter". De plus, le coût du musée va bien au-delà de sa seule construction, et "le budget de fonctionnement que j’avais établi nous a probablement été fatal", ajoute-t-il.

En guise de consolation, François Ribémont a obtenu de reprendre possession de la deuxième aile de l’hôtel Rohan. Pour moins de 10 millions de francs, la rénovation de ce jardin d’hiver, qui servait d’entrepôt aux services techniques de la Ville, a permis de doubler la surface d’exposition du musée, qui passe de 773 à 1 502 m2. 370 peintures sont maintenant présentées au lieu de 120 précédemment, dont La Grèce sur les ruines de Missolonghi d’Eugène Delacroix.

Mais cette solution n’est qu’un pis-aller. François Ribémont estime que le mu­sée dispose d’au moins 500 autres œuvres qui mériteraient d’être montrées, le Musée de Bordeaux s’avérant être l’un des plus petits musées français si l’on compare le nombre d’œuvres (2 575 tableaux, 504 sculp­tures et 2 836 dessins) aux 1 500 m2 d’exposition.

Le Musée gère aussi la Galerie des beaux-arts, une salle d’exposition temporaire, mais n’en dispose qu’une fois par an. Il montrait Louis Valtat cet été. "En attendant mieux, je me suis rabattu sur un programme de restauration des œuvres. Mais mon rêve est de convaincre Alain Juppé de construire un Hôtel de ville neuf et de récupérer les locaux actuels, qui sont dans l’exact prolongement du musée", s’enflamme François Ribémont.

L’Hôtel de Lalande
Le Musée des arts décoratifs ne connaît pas les mêmes affres. Proposant un panorama d’objets usuels, il hésite entre une stricte présentation des pièces et leur mise en situation. Il en résulte un curieux mélange, non dénué de charme pour qui aime les visites de vieux greniers. Peu de lumière, des explications parcimonieuses ou très techniques confèrent à l’Hôtel de Lalande, construit à la fin du XVIIIe siècle, un charme suranné.

Les céramiques de François Imhoff occupent actuellement l’espace d’exposition temporaire, dans une absence de scénographie qui ne serait pas déplaisante si toute explication relative au travail de l’artiste – pour aller de la toile à la céramique – n’était pas passée sous silence. On peut néanmoins profiter de sa visite pour boire un café dans la charmante cour du musée et poursuivre son chemin rue Bouffard, où les antiquaires de la ville se sont regroupés.

- François Imhoff, jusqu’au 8 janvier (56 10 16 04), puis au Musée Déchelette de Roanne.

Conserver l’image industrielle

Le Musée Goupil est le dernier né des musées bordelais. Crée en 1991 pour conserver le fonds de la maison d’édition Goupil, il est installé dans une ancienne distillerie du XIXe siècle, avec plafonds à voûtes et piliers de soutènement en fonte. La maison Goupil a débuté en 1827 avec le commerce d’estampes. Puis très vite, elle se lance dans l’édition de reproductions de tableaux en taille-douce et de photographies. Son activité périclite peu après la Première Guerre mondiale, et la maison d’édition ferme en 1920.
Remarquable ensemble de reproductions, portant notamment sur l’art académique – plus de 70 000 photographies et autant d’estampes –, le Musée Goupil témoigne des modes de circulation des images au XIXe siècle.
Il monte régulièrement des expositions autour de ses collections. Un panorama sur le portrait est présenté en ce moment, et des éditions de dessins de Rodin seront exposées au printemps.

- "À l’ombre des grands hommes", jusqu’au 13 avril (56 69 10 83).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°21 du 1 janvier 1996, avec le titre suivant : Des musées chichement dotés

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