Préhistoire

Néandertal est-il le pionnier de l’art pariétal ? 

Par Paul Bérat · lejournaldesarts.fr

Le 22 août 2022 - 400 mots

MONDE

Une datation controversée à l’uranium-thorium enlèverait à homo sapiens son antériorité dans les peintures rupestres.

Peintures rupestres réalisées par l'Homme de Néandertal dans la grotte de La Pasiega en Espagne. © Don Hitchcock, 2018, CC BY-SA 4.0
Peintures rupestres réalisées par l'Homme de Néandertal dans la grotte de La Pasiega en Espagne.
© Don Hitchcock, 2018

Qui est le premier auteur des peintures rupestres : homo sapiens ou homo neanderthalensis ? Répondre à cette question de manière catégorique aujourd’hui semble quasiment impossible. Pour autant, ces dernières années, des recherches menées par des archéologues dans des grottes, en Europe, ont un peu bousculé ce que l’on croyait tenu pour acquis depuis plusieurs décennies. 

Presque tout au long du XXe siècle, l’archéologie a affirmé  que ce que l’on appelle l’art pariétal avait été «  inventé  » par le premier homme moderne, l’homo sapiens. Et que son aîné, l’homo neanderthalensis, ne pouvait avoir été un «  artiste  » puisqu’il n’était pas doué de facultés cognitives. 

Mais en 2018, une équipe internationale de chercheurs emmenés par Dirk Hoffmann, Alistair Pike, Michel Lorblanchet et Joao Zilhaõ, a daté d’au moins 64 800 ans des décors retrouvés dans trois grottes situées en Espagne : à La Pasiega, Maltravieso et Ardales. Or à l’époque l’homo sapiens n’avait pas encore foulé le sol espagnol (il s’est installé en Europe il y a 40 000 ans). Seul l’homo neanderthalensis s’y trouvait. Il devait donc être l’auteur de ces peintures. 

Mais des voix se sont élevées contre la méthode de datation à l’uranium-thorium que les archéologues ont utilisée. Celle-ci a l’avantage de palier les défauts de la datation au carbone 14, qui ne peut donner l’âge d’un matériau vieux de plus de 55 000 ans. Mais, basée sur la mesure de la teneur en uranium et thorium des couches de calcite qui recouvrent les peintures, elle peut être faussée par des facteurs physico-chimiques environnants. 

Voilà pourquoi il est difficile de dire si les premières peintures rupestres  sont de la main d’homo sapiens ou de celles d’homo neanderthalensis. Si ces datations étaient exactes, «  ce serait une très grande avancée, un renversement de concept aussi important que quand on a découvert les premières grottes ornées : à l’époque, on pensait que l’art ne pouvait pas être aussi ancien et que l’on homme préhistorique en était incapable  », explique Ludovic Slimak. Le paléoanthropologue fait référence ici à la découverte des premiers motifs pariétaux préhistoriques par Marcelino Sanz de Sautuola dans la grotte d’Altamira entre 1875 et 1879. Ses conclusions ont d’abord été rejetées par le paléoanthropologue Emile Carthaliac qui a ensuite révisé son jugement et publié en 1902 son fameux «  Mea culpa d’un sceptique  »
 

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