Préhistoire

PORTRAIT

L’Homme de Néandertal, le plus ancien artiste de l’humanité ?

Homo neanderthalensis, artiste peintre

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 10 mars 2018 - 509 mots

Une étude publiée dans la revue Science affirme que les Néandertaliens seraient les premiers auteurs de l’art pariétal.

Reconstitution de l'Homme de Néandertal
Reconstitution de l'Homme de Néandertal
© Neanderthal Museum, Mettmann

-450 000 Début du processus de « néandertalisation » en Europe. Des fossiles retrouvés en Angleterre, en Allemagne ou en Espagne présentent des traits caractéristiques de l’Homo neanderthalensis, ou homme de Néandertal, sous-espèce du genre Homo. Large cage thoracique en forme de tonneau, des os et un crâne plus massifs, un front fuyant, des bourrelets osseux au-dessus des orbites, une face projetée en avant : à cause de son physique, l’homme de Néandertal a longtemps été perçu comme une version mal dégrossie de l’homme moderne. Essentiellement présent en Europe, on le retrouve progressivement au Moyen-Orient et en Asie centrale.

-35 000 L’homme de Néandertal disparaît progressivement. Si l’extinction de l’espèce n’est toujours pas expliquée de manière catégorique, elle coïncide avec l’arrivée en Europe d’Homo sapiens venus du Moyen-Orient. Les chercheurs sont prudents, mais peu croient encore à l’hypothèse d’un génocide perpétré par les hommes modernes. Affaiblis démographiquement, isolés géographiquement à travers des populations aux gènes trop peu diversifiés, les Néandertaliens ont peut-être été victimes d’une fusion génétique avec Homo sapiens. Les paléo-généticiens retrouvent aujourd’hui une partie de leur génome dans celui de l’homme du XXIe siècle.

1856 L’homme de Néandertal ressurgit grâce à la découverte d’ossements dans une vallée allemande au nom prédestiné, Neanderthal, la « vallée de Néander » ou « vallée de l’homme nouveau ». Les restes, recueillis par un instituteur et examinés en 1857 par Hermann Schaaffhausen de l’Université de Bonn, sont considérés par eux comme les témoins d’une race humaine disparue. Pourtant, dès l’annonce de la découverte, l’hypothèse est fortement contestée. Il faudra attendre la mise au jour des deux squelettes de la Grotte de Spy en Belgique (1886) et la sépulture de la Chapelle-aux-Saints en Corrèze (1908) pour asseoir l’idée d’une nouvelle espèce humaine dans le monde scientifique.

2018  Une étude publiée dans la revue Science jette un pavé dans la mare : les Néandertaliens seraient les premiers auteurs de l’art pariétal préhistorique. Une équipe internationale de chercheurs a en effet daté les peintures de trois grottes espagnoles (La Pasiega, Maltravieso et Ardales) grâce à un procédé technique contesté, car non croisé avec d’autres méthodes. Les chercheurs ont prélevé des échantillons d’une fine couche de calcite qui recouvre les peintures et les ont datés en utilisant la technique de datation de l’uranium-thorium. Selon leurs résultats, des échantillons dateraient certaines parois peintes d’au moins 64 800 ans. À cette date, seul Néandertal foule le sol espagnol, l’Homo sapiens n’atteindra cette partie du monde que plus de 20 000 ans plus tard. Pour les auteurs de l’étude, il est logique de déduire que les Néandertaliens étaient des artistes avec un symbolisme particulier : à La Pasiega, un motif géométrique peint en rouge, en forme d’échelle des têtes d’animaux, à Maltravieso des mains en pochoir. « Un art rupestre similaire à celui-ci existe dans d’autres cavernes de l’Europe de l’Ouest et pourrait être également l’œuvre des Néandertaliens », selon les auteurs, qui citent en particulier la Grotte des Merveilles dans le Lot ou celle d’El Castillo en Espagne.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°496 du 2 mars 2018, avec le titre suivant : Homo neanderthalensis, artiste peintre : L’Homme de Néandertal, le plus ancien artiste de l’humanité ?

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