Spécial Covid-19 - Musée

Coronavirus : le Louvre contraint de fermer face aux craintes du personnel

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 2 mars 2020 - 676 mots

PARIS

« C'était la journée parfaite pour aller au musée », se désole un touriste. Le Louvre, musée le plus visité au monde, a dû rester porte close dimanche après un droit de retrait voté par le personnel qui s'estime menacé par l'épidémie de coronavirus, ce que la direction conteste.

 

L'ensemble des personnels présents dimanche, soit 300 salariés, s'est réuni dans la matinée pour voter un droit de retrait à la "quasi unanimité", selon la CGT. Ce droit permet à un salarié de cesser le travail pour cause de danger "grave et imminent pour sa vie ou sa santé". Faute de personnel, le musée parisien n'a donc pu ouvrir ses portes, et n'a annoncé sa fermeture définitive qu'en fin d'après-midi, laissant les visiteurs dans l'incertitude.

"Personne ne nous a prévenu et sur le site, il n'y a rien d'écrit !", s'énerve Stefania, guide touristique, qui a d'abord expliqué à son groupe, des Italiens du Frioul et de Rome, que le Louvre était fermé à cause d'une grève sur la réforme des retraites. "Nous sommes très déçus", confie, navré, un touriste du groupe, venu pour la première fois dans ce lieu emblématique de la capitale. "C'était la journée parfaite pour aller au musée", relève-t-il, allusion à la pluie incessante.

Certains pouvaient entrer sous la pyramide, restée ouverte pour accéder à l'auditorium, d'autres s'abritaient sous les porches, tous en quête d'informations. "Nous avons réservé ce matin les tickets pour 14h00. Ce qui est surprenant, c'est le manque d'information : on ne nous dit pas comment se faire rembourser", râle Claudia, une touriste belge venue à Paris pour le week-end. Elie, une Américaine, ignore elle aussi les raisons de la fermeture. "Nous devions aller en Italie mais le gouvernement a déconseillé d'éviter les voyages dans ce pays... Et comme nous ne voulions pas être en quarantaine à notre retour, nous avons décidé de venir en France", raconte-t-elle. Sous la pyramide, un employé du musée explique aux visiteurs (dont certains protégés par un masque): "Ils ont annulé les évènements qui réunissent plus de 5 000 personnes. Nous avons plus de 30 000 visiteurs par jour, donc nous attendons des mesures du ministère".

"Un endroit confiné"

"Le Louvre est un endroit confiné, qui accueille plus de 5 000 personnes par jour, il y a une réelle inquiétude de la part des agents", renchérit Christian Galani, membre du personnel du Louvre et du bureau national de la CGT Culture. A l'Assemblée générale, des représentants de la direction sont venus, mais leurs arguments n'ont "pas été suffisants pour convaincre les personnels et effacer" leurs craintes, a poursuivi le syndicaliste, en soulignant que "le droit de retrait est un droit individuel qui peut s'exercer collectivement". Mais pour la direction du musée, le droit de retrait "ne peut sur le principe viser qu'une situation particulière de travail et non une situation générale" d'épidémie.

"On n'est pas aujourd'hui dans la fermeture des grands établissements, parce que la situation épidémiologique ne l'exige pas", a appuyé Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, interrogé dimanche soir sur la situation du Louvre. Le virus, a-t-il fait valoir, "ne flotte pas dans l'air mais se transmet par gouttelettes (...) Les activités en extérieur où vous êtes à deux mètres les uns des autres ne posent pas problème".

La direction assure mettre en œuvre "toutes les mesures préconisées par les autorités compétentes afin de protéger les agents et les visiteurs", avec notamment la mise en "quatorzaine" des personnes revenant des zones à risques, et l'application des consignes d'hygiène. Un CHSCT (comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) exceptionnel doit se tenir lundi. Le ministre de la Culture, Franck Riester, a affirmé sur France Info que le musée ne serait "a priori" pas ouvert lundi matin, "le temps que se tienne" le CHSCT.

Le Louvre a reçu 9,6 millions de visiteurs sur l'ensemble de l'année 2019. Mi-janvier, le musée parisien avait été bloqué par une grève pour les retraites. Les visiteurs sont invités à écrire à la billetterie pour être remboursés.

Par Caroline Taix et Juliette Collen

Cet article a été publié par l'AFP le 1 mars 2020.

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