Fiscalité - Galerie - Ventes aux enchères

Éditorial

Un nouvel ordre mondial du marché de l’art

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 21 octobre 2025 - 416 mots

L’art contemporain jadis centré sur l’Occident est désormais porté par une pluralité de centres créatifs dans le monde, modifiant l’équilibre du marché de l’art, explique l’éditorialiste du JdA.

Vue de l'édition 2025 d'Art Dubai. © Spark Media
Vue de l'édition 2025 d'Art Dubai.
© Spark Media

Géopolitique. Il ne se passe pas un jour sans que la contraction du marché de l’art et le contexte géopolitique ne provoquent de secousses plus ou moins fortes dans le secteur. Il y a quelques semaines, le toujours bien informé Financial Times révélait que les pertes de Sotheby’s étaient plus importantes que prévu et que le bénéfice de Hauser & Wirth avait fortement chuté. Récemment la galerie Pace annonçait la fermeture de son espace à Hong Kong, en raison d’un ralentissement des ventes en Chine. Et tout dernièrement, en France, c’est la maison Tajan qui change de propriétaire.

Les États, qui ne peuvent plus ignorer l’importance de leur marché de l’art, tentent de le soutenir par des mesures fiscales : l’Italie et la Belgique vont ainsi baisser la TVA sur les œuvres d’art s’alignant plus ou moins sur la France. En France justement, on attend toujours les mesures que va prendre Rachida Dati après la publication du rapport Bethenod qui propose de flécher les aides publiques sur les créations dans la scène française.

Alors que la crise de 2007 avait accéléré l’émergence de grandes galeries et que celle du Covid a fait exploser les ventes aux enchères en ligne, celle-ci semble consacrer une redistribution géographique de l’art contemporain et de son marché. Corée du Sud, Inde, Japon, Nigeria, Mexique, Brésil… chacun de ces pays connaît à des degrés divers un développement impressionnant de sa scène artistique locale et la montée en puissance de collectionneurs au fur et à mesure que leur économie prospère. L’exemple récent le plus symbolique et le plus artificiel est la rivalité entre le Qatar, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite qui se joue aussi sur le terrain des biennales et des foires. Frieze Abu Dhabi est la réponse à Art Basel Qatar.

L’art contemporain jadis centré sur l’Occident est désormais porté par une pluralité de centres créatifs dans le monde. Un mouvement qui accompagne la remise en cause actuelle de l’ordre mondial issu de 1945 puis de 1989 et de la chute du mur de Berlin. Paradoxalement, l’Amérique trumpienne, la puissance dominante dans le marché de l’art, est en train de se tirer une balle dans le pied en fermant ses frontières, en augmentant ses tarifs douaniers et en prônant un retour au conservatisme dans tous les domaines, dont celui de la création.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°663 du 17 octobre 2025, avec le titre suivant : Un nouvel ordre mondial du marché de l’art

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