Politique culturelle

Le Cnap sort grandi de la crise

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 4 février 2022 - 663 mots

PARIS

Grâce aux revalorisations successives de son budget pendant la crise sanitaire, le Centre national des arts plastiques a renforcé son rôle d’opérateur culturel.

Le futur bâtiment du Cnap à Pantin. © Cnap Oppic Bruther et Data architectes
Le futur bâtiment du Cnap à Pantin.
© Cnap Oppic Bruther et Data architectes

C’est la première fois que Béatrice Salmon prend la parole pour commenter le bilan d’activité du Centre national des arts plastiques (Cnap). Cet exercice a priori routinier, lancé par son prédécesseur Yves Robert, fait suite, ainsi qu’elle le souligne elle-même, à deux années « particulières » pendant lesquelles les activités du Cnap ont été bouleversées. Conséquence directe de la crise sanitaire, son budget a en effet considérablement augmenté afin de mettre en place des dispositifs spécifiques de soutien à la création. Pour autant, tandis que les attentes vis-à-vis de l’institution se sont accrues de façon exponentielle, ses effectifs (près de 80 agents) sont restés les mêmes, et le Cnap a dû apprendre à adapter son fonctionnement à la nouvelle contrainte du télétravail. « On peut dire que ces deux années ont été exceptionnelles, et surtout compliquées », affirme Béatrice Salmon, qui a pris la tête de l’établissement en novembre 2019, quelques mois à peine avant le début de la pandémie.

Diffuser, accompagner, exposer, valoriser, acquérir, restaurer, informer… ses différentes missions pour la promotion des arts plastiques font du Cnap un opérateur public important, resté jusqu’à présent assez discret. À la faveur de la crise, et de sa nouvelle direction, son rôle et sa notoriété se sont renforcés.

Des budgets en hausse pour aider les artistes

Alors qu’en 2018 et 2019 son budget était d’environ 10 millions d’euros, il est passé à près de 15 millions d’euros en 2019, puis à 19 millions en 2021. Des sommes très inférieures, bien sûr, à celles gérées par le Centre national de la cinématographie (668 millions d’euros en 2021) ou le Centre national de la musique (194 millions en 2022), mais il semble difficile de comparer le secteur des arts visuels à ces deux mastodontes de l’industrie culturelle. Le site Internet du Cnap comptabilise 60 000 visiteurs par mois, et sa newsletter est passée de 18 000 à 27 000 abonnés : son audience demeure donc limitée. Modeste en valeurs absolues, la hausse du budget du Cnap a toutefois permis de financer un fonds exceptionnel de garantie des revenus artistiques et de venir en aide aux galeries. Ces aides d’urgence mises en place en 2020 ont été reconduites en 2021 pour un montant d’environ 6 millions d’euros. Parallèlement, le Cnap a augmenté ses acquisitions sous forme d’achats ou de commandes. En 2021, 337 œuvres ont été acquises auprès de 145 artistes pour un montant total de 3 millions d’euros, faisant du Cnap « l’un des principaux acquéreurs du secteur public pour l’art contemporain », relève Béatrice Salmon. Au point que l’établissement entend renforcer sa politique de prêts aux musées – y compris étrangers – souvent loin de disposer de moyens aussi importants. La commande publique, qui contribue pour plus de la moitié à sa collection de 107 000 œuvres, donnera lieu en 2022 à des programmes inédits, sous forme d’œuvres temporaires à réactiver.

Béatrice Salmon. © Steve Murez
Béatrice Salmon.
© Steve Murez

Estimé à 18,8 millions d’euros, le budget du Cnap pour 2022 se maintient à un niveau élevé. Les dispositifs de soutien seront financés à hauteur de 5,6 millions d’euros et l’enveloppe consacrée aux acquisitions sera de 2,3 millions. « En 2023, on retrouvera un niveau de budget proche de celui de 2019 », anticipe Béatrice Salmon. Cependant les coûts de fonctionnement du Cnap – qui s’élèvent à 7 millions d’euros – devraient diminuer à l’horizon 2024, avec son emménagement à Pantin, car l’établissement ne louera plus ses deux étages de bureaux à la Défense, ainsi que des réserves privées.

Le chantier de la collection qui précède le déménagement mobilise une équipe extérieure d’une vingtaine personnes. Pour mener à bien cette opération – qui consiste à préparer 40 000 œuvres à rejoindre les réserves du futur site – en même temps que les demandes de prêts et dépôts, le Cnap doit là aussi faire preuve de rigueur et de souplesse. Des qualités que l’on peut indéniablement mettre à son crédit.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°582 du 4 février 2022, avec le titre suivant : Le Cnap sort grandi de la crise

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