Politique culturelle

PRÉSIDENTIELLE 2022

La culture en campagne (2/7)

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 24 janvier 2022 - 725 mots

FRANCE

Les programmes et les intentions des candidats relatifs au périmètre du ministère de la Culture épousent leur philosophie politique respective.

Ministère de la Culture, rue des Bons Enfants (Paris Ier). © Fred Romero, 2016, CC BY 2.0
Ministère de la Culture, rue des Bons Enfants (Paris Ier).
Photo Fred Romero, 2016

France. La précédente quinzaine a encore une fois été occupée par la crise du Covid-19 et les propos d’Emmanuel Macron sur les non-vaccinés, mais aussi par les débats à gauche sur un rassemblement possible des candidatures via la Primaire populaire alors que vient s’ajouter celle de Christiane Taubira. La Primaire populaire a mis en ligne un « socle commun » supposé fédérer les candidats, socle dont est curieusement absente la culture. De l’autre côté de l’échiquier politique, Marine Le Pen (Rassemblement national) a diffusé un clip de campagne tourné devant le Louvre, dont elle vante « un lieu mythique [qui] symbolise la continuité de la France dans ce qu’elle a de plus beau». Elle cite la pyramide de Pei dans ses louanges, alors que celle-ci fut décriée par le Front national à l’époque de sa construction. Pour autant, elle n’a toujours pas présenté son programme culturel, ce qui n’est pas le cas d’Anne Hidalgo (Parti socialiste) qui a diffusé ses 70 propositions.

Si tous les candidats n’ont pas encore détaillé leur programme culturel, les déclarations et écrits des uns et des autres permettent de se faire une idée de leurs intentions, notamment s’agissant des institutions et du budget, premier volet de cette série sur les propositions culturelles.

Personne n’a repris, par manque de temps ou d’experts, le récent rapport de la Cour des comptes sur la nécessité d’un ministère plus stratégique, alors que tous répètent des propos convenus sur l’importance de la culture. À la droite de la droite, cependant, Éric Zemmour appelait en mars 2021, alors qu’il n’était pas encore candidat, à la « destruction » du ministère de la Culture et à sa transformation en secrétariat d’État qui, comprend-on, devrait se consacrer essentiellement à la préservation du patrimoine. Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), à l’inverse, veut un « grand ministère » en y incluant le tourisme. Il recommande par ailleurs de créer une délégation interministérielle entre les ministères « du Patrimoine » (sic) et « de l’Environnement » (sic) afin d’arbitrer sur les injonctions parfois contradictoires entre les deux administrations. Yannick Jadot (Europe Écologie-Les Verts) n’a pas formellement de programme détaillé, préférant distiller ses mesures au fil du temps, ce qui n’a pas empêché son parti de publier un long texte (« Projet pour une république écologique ») dans lequel les Écologistes appellent, notamment, à une refonte totale des directions régionales des Affaires culturelles pour mieux coller aux nouvelles préoccupations sur le terrain.

Le budget de la Culture

S’agissant du budget de la Culture, un clivage très net apparaît entre les candidats qui ont une culture gouvernementale et ceux qui n’en ont pas. Valérie Pécresse (Les Républicains) et Anne Hidalgo ne se prononcent ainsi pas sur le sujet, alors que l’on aurait aimé connaître les intentions de la première quand elle veut faire 45 milliards d’économie (en net) et supprimer 200 000 fonctionnaires. On devine que la candidate des Républicains compte sur les ressources du mécénat qu’elle entend « renforcer ». Elle a par ailleurs annoncé dans un tweet passé inaperçu qu’elle veut ramener la TVA des biens culturels à 5,5 %, ce qui est pourtant déjà le cas aujourd’hui pour le cinéma et le livre. À ce stade, peuvent s’en réjouir les artistes (les cessions de droits d’auteurs sont assujetties à une TVA de 10 %) ainsi que les galeries (20 % sur la marge).

Les autres candidats ont des propositions plus claires en la matière. Les Verts (mais aussi Nicolas Dupont-Aignan) veulent « sanctuariser » le mythique 1 % du budget de l’État pour la Culture, oubliant qu’il est de 1,1 % depuis plusieurs années. Il est vrai que tout dépend de ce que l’on compte. Pour François Asselineau (Union populaire républicaine), qui veut augmenter ce budget, celui-ci représenterait 2,1 % du budget de l’État (sans donner sa méthode de calcul). Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) fait du budget de la Culture sa « mesure-clé » en préambule à 14 propositions pas toujours bien formulées (on y reviendra). On reste ainsi perplexe devant la promesse du candidat qui veut ni plus ni moins augmenter le budget de la Culture à 1 %, non pas du budget de l’État mais du PIB, soit environ 25 milliards d’euros, alors que le budget de la mission Culture est de 3,5 milliards d’euros en 2021. Dans le même temps, il veut « abolir tous les privilèges fiscaux liés au mécénat culturel ». À suivre.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°581 du 21 janvier 2022, avec le titre suivant : La culture en campagne (2/7)

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