Politique culturelle

PRÉSIDENTIELLE 2022

La culture en campagne (1/7)

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 7 janvier 2022 - 640 mots

FRANCE

À quatre mois du premier tour de l’élection présidentielle (10 avril), la culture n’est pas la première préoccupation des candidats.

Le Palais de l'Elysée
Le Palais de l'Elysée

France. La culture a rarement, sinon jamais, été un enjeu des précédentes élections présidentielles. En 2012, si la Hadopi créée par Nicolas Sarkozy, le président de l’époque, avait suscité quelques débats, c’est parce que les autres candidats avaient fait de la « riposte graduée », contre les pirates du Net, un symbole de lutte pour les libertés. Dix ans plus tard, plus personne ne parle de la Hadopi car Deezer et Netflix ont fait largement reculer le piratage de la musique, des films et des séries grâce à un rapport quantité-prix très avantageux. En 2017, le Pass culture, mesure phare du programme d’Emmanuel Macron avait fait réagir certains de ses concurrents, mais cela n’était pas allé bien loin.

À quatre mois du premier tour de l’élection présidentielle 2022, les candidats ont plus encore que lors des précédentes campagnes des sujets de préoccupation très éloignés de la culture. Il leur faut d’abord asseoir leur candidature. Si à droite (Valérie Pécresse, Jean Lassalle) et dans le camp des souverainistes (François Asselineau, Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, Éric Zemmour, Florian Philippot), les jeux sont faits, à gauche (Anne Hidalgo, Arnaud Montebourg, Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel, Yannick Jadot), l’éparpillement des candidatures face à un électorat réduit laisse planer un doute sur le maintien de certaines candidatures, au moment où d’autres figures (Christiane Taubira) se verraient bien y aller. À l’extrême gauche, la désignation de Nathalie Artaud et Philippe Poutou était acquise depuis longtemps. Le favori des sondages, Emmanuel Macron, ne s’est pas encore déclaré, mais sa candidature ne fait aucun doute.

Une autre épreuve attend ensuite les candidats potentiels : l’obtention des cinq cents signatures de parrainage avant la clôture des dépôts de candidature, le 4 mars. En 2017, ils n’étaient plus que onze sur la ligne de départ. Or, dans cette course à la notoriété qui permet de gagner des points dans les sondages et, conséquemment, des signatures d’élus, la culture n’est pas un thème porteur. D’autant qu’avec la polarisation des débats sur l’immigration et l’identité nationale entretenue par le polémiste Éric Zemmour et la reprise de l’épidémie, les électeurs ont la tête ailleurs. Sans compter le pouvoir d’achat, l’écologie, la sécurité… En revanche, si la situation sanitaire venait à s’aggraver avec une nouvelle fermeture des lieux culturels (ce qui est peu probable), la culture pourrait s’inviter dans le débat électoral par le truchement des mesures d’urgence ou de relance que ne manqueraient pas de réclamer les opposants au gouvernement.

Des programmes à découvrir en ligne

L’une des conséquences de l’aggravation de la situation sanitaire est un recours accru au numérique, à commencer par les sites Internet. Tous les candidats déclarés disposent aujourd’hui d’un site, plus ou moins élaboré. La première fonction de leurs sites est de récupérer des noms et des e-mails, et surtout de collecter des dons. Le plus abouti en la matière est celui de François Asselineau qui affiche, dès la page d’accueil, un compteur de dons (268 628 €, invérifiable).

L’étendue des programmes reflète le niveau de préparation des candidats. Mis à part Jean Lassalle dont le programme se résume à « sa vision » et de belles images des Pyrénées, les candidats déjà en piste en 2017 (François Asselineau), voire en 2012 (Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon) ont largement eu le temps de recycler leurs anciennes propositions et de les actualiser ou les peaufiner. Parmi les nouveaux candidats, seule Valérie Pécresse présente à ce jour un projet détaillé. Ceux d’Anne Hidalgo, de Yannick Jadot et d’Éric Zemmour sont encore parcellaires.

Si la culture est encore très peu présente dans ces programmes et risque fort de l’être guère plus dans les prochaines semaines, elle n’est pas totalement absente et certaines propositions font consensus tandis que d’autres sont franchement disruptives. À suivre.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°580 du 7 janvier 2022, avec le titre suivant : La culture en campagne (1/7)

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