Politique - Politique culturelle

PRÉSIDENTIELLE 2022 POLITIQUE CULTURELLE

La culture en campagne (6/7)

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 21 mars 2022 - 514 mots

On connaît maintenant la liste définitive des candidats. La comparaison des programmes culturels d’Éric Zemmour et de Philippe Poutou, enfin publiés, montrent deux approches aux antipodes.

Paris. Difficile de parler de culture alors que les bombes russes s’abattent sur la population ukrainienne. Aucun thème ne parvient même à émerger, dans une campagne atone à peine agitée par l’annonce de la candidature d’Emmanuel Macron (La République en marche !), une surprise pour personne, et la liste officielle des candidats dont sont exclus Christiane Taubira et Jean-François Asselineau (Union populaire républicaine).

On a souvent écrit dans ces colonnes qu’il pouvait y avoir un consensus transpartisan sur la politique culturelle, à quelques nuances près naturellement. La publication récente des programmes culturels de deux candidats aussi opposés qu’Éric Zemmour (Reconquête !) et Philippe Poutou (NPA, Nouveau Parti anticapitaliste) montre cependant que leur profonde divergence idéologique, un euphémisme, se traduit aussi dans leur conception de la culture. Dans la méthode d’abord : l’un aspire à gouverner conformément aux institutions de son mentor Charles de Gaulle quand l’autre veut faire la révolution. Éric Zemmour formule ainsi des propositions très concrètes tandis que Philippe Poutou énonce surtout des généralités. Précisons également que le programme culturel de ce dernier est connu par ses réponses à un questionnaire envoyé par la Coordination des fédérations et associations de culture et de communication.

Les pratiques en amateur

Le candidat NPA est peu voire pas du tout sensible au patrimoine et développe une rhétorique très sociétale où la création et les pratiques en amateur sont mises en avant. Il appelle à une création féministe, antifasciste, diverse. S’il évoque « un véritable service public de la culture », sans autres précisions, Éric Zemmour confirme ce qu’il avait laissé entendre s’agissant d’un ministère qui regrouperait l’Éducation (renommée « instruction publique »), l’Enseignement supérieur et la Culture. Et si lui aussi parle de pratiques en amateur, c’est pour proposer de « former la jeunesse à la restauration du patrimoine et accompagner les futurs chantiers de sauvegarde du patrimoine en créant dans chaque département des Maisons des Compagnons du devoir ».

Le rapport à l’argent oppose tout autant les deux candidats. Quand Philippe Poutou veut libérer (les rues ?) « des pollutions publicitaires » et rendre gratuit l’accès aux musées, Éric Zemmour se penche curieusement sur la fiscalité des NFT (est-ce pour montrer son attention aux détails ?) en proposant que celle-ci soit alignée sur celle de l’actif sous-jacent, ce qui est peu ou prou le cas aujourd’hui.

Enfin Philippe Poutou insiste sur la transparence des décisions, des nominations, et souhaite que les salariés des organisations culturelles participent à la gestion tandis qu’Éric Zemmour veut obliger (par la loi ?) les institutions financées par l’État « à faire des tournées régulières dans les établissements scolaires publics ».

Nul doute que l’Éducation artistique et culturelle, puisque c’est de cela qu’il s’agit, sera au cœur du programme culturel du candidat Macron, en espérant qu’il en dise un peu plus sur son programme que dans sa « Lettre aux Français » ou ses clips hebdomadaires aussi plaisants qu’inintéressants. Quoi qu’il en soit, la prochaine et dernière chronique de cette série fera le bilan du quinquennat.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°585 du 18 mars 2022, avec le titre suivant : La culture en campagne (6/7)

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