Belgique - Politique

Restitution d'œuvres : le roi des Belges n'inaugurera pas le musée de l'Afrique

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 5 décembre 2018 - 455 mots

TERVUREN / BELGIQUE

Le roi des Belges Philippe n'assistera pas samedi à l'inauguration, après cinq ans de rénovation, du nouveau musée de l'Afrique à Tervuren près de Bruxelles, pour ne pas « s'immiscer » dans le vif débat en cours sur la restitution d'œuvres pillées durant la colonisation, a annoncé mardi le Palais royal.

Musée royal de l'Afrique centrale de Tervuren Belgique
Musée royal de l'Afrique centrale de Tervuren, Belgique
Photo Rolf Müller, 2009

"Les débats sur la restitution sont encore en cours, ce n'est pas tranché. Le climat n'est pas tout à fait propice à son déplacement", a fait valoir un porte-parole du Palais royal joint par l'AFP. "Le Roi ne s'immisce pas dans les débats en cours", a-t-il ajouté.

Lancé en France par le président Emmanuel Macron il y a un an, le débat sur la restitution de biens culturels africains pillés ou acquis à bas prix du temps de la colonisation a connu un fort écho en Belgique ces dernières semaines. Il intervient au moment où doit rouvrir, après cinq ans de travaux, le Musée royal de l'Afrique centrale, un site dont les origines remontent au XIXe siècle quand le roi Léopold II avait souhaité offrir aux Belges une vitrine des "bienfaits" de la présence belge au Congo, au Rwanda et au Burundi. Rebaptisée Musée de l'Afrique (ou AfricaMuseum), l'institution revendique d'offrir désormais une lecture plus critique de la période coloniale, ainsi qu'une plus grande place aux artistes africains dans les 11.000 m2 d'espaces publics proposés, au lieu de 6.000 m2 avant le chantier de rénovation au coût total évalué à 66 millions d'euros.

Mais certains détracteurs continuent d'y voir "un placard à trophées" à la gloire des colons belges. Un collectif d'associations d'afro-descendants réclame à l'Etat belge la formation d'une commission d'experts pour déterminer l'origine exacte des œuvres. "On est en retard par rapport à la dynamique internationale (...) nous voulons une commission transparente, mixte, avec un calendrier et un canevas, pas du flou", a déclaré mardi Mireille-Tsheusi Robert, de l'association Bamko-Cran, interrogée par la radio La Première (RTBF). "Je ne mettrai pas les pieds au musée parce que pour moi ça revient à danser et à festoyer autour de tombes", a-t-elle affirmé dans une allusion à l'exposition d'os humains ayant appartenu à des Congolais. Elle exige leur restitution. 

Le musée doit rouvrir au public dimanche, au lendemain d'une cérémonie officielle réservée aux "partenaires" de la rénovation, selon la direction. C'est à cette cérémonie qu'était convié le roi Philippe samedi au côté notamment de la secrétaire d'Etat chargée de la Politique scientifique, Zuhal Demir, l'autorité de tutelle du musée. "Il y a trop d'incertitudes à ce stade sur ce que sera cette inauguration, qui y prendra la parole", a-t-on encore souligné au Palais royal, "ça va être un musée magnifique mais pour nous c'est prématuré d'y aller".

Cet article a été publié par l'AFP le 4 décembre 2018.
 

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