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L’Italie lance un appel international à candidature pour la direction de 13 musées

Par Olivier Tosseri, correspondant en Italie · lejournaldesarts.fr

Le 4 février 2020 - 691 mots

ROME / ITALIE

Le ministre de la Culture, Dario Franceschini confirme la mesure phare de sa réforme du ministère en 2014. 

Le Vittoriano fait partie des sept musées qui ont gagné leur autonomie en décembre dernier. © Photo Paolo Costa Baldi, 2011, CC BY-SA 3.0
Le Vittoriano fait partie des sept musées qui ont gagné leur autonomie en décembre dernier.
Photo Paolo Costa Baldi, 2011

Treize musées autonomes italiens cherchent un directeur et, si possible, étranger. L’appel à candidature a été mis en ligne sur le site du ministère de la Culture italien - le MIBACT- et publié sur The Economist jeudi dernier. « Pour diriger une institution ce n’est pas la nationalité qui compte mais la compétence. La polémique sur  cette question a été ridicule » a répondu sèchement le ministre de la culture Dario Franceschini à ses détracteurs. 

Il revendique le succès de sa réforme lancée en 2014 qui accordait l’automonie à vingt musées et parcs archéologiques nationaux avec la nomination de sept directeurs européens qui avait suscité une controverse. Un moment remise en cause par son successeur au MIBACT dans le précédent gouvernement italien dominé par les partis souverainistes, le retour aux affaires de Dario Franceschini en septembre 2019 entérine ce qu’il qualifie de « grand changement du système ». « La caractéristique de l’Italie est de ne pas avoir de grand musée national mais de très importants musées répartis sur l’ensemble du territoire, explique le ministre. C’est un patrimoine diffus qui est bien conservé mais mal valorisé. Avant la réforme les musées nationaux étaient de simples annexes des surintendances, sans directeurs autonomes, sans comité scientifique, sans conseil d’administration, sans budget autonome… J’ai même du créer une direction générale des musées au sein du MIBACT qui n’existait pas. C’est un travail de valorisation efficace qui a été lancé pour combler le retard avec les standards internationaux. »

Depuis 2014 le nombre de visiteurs dans les musées italiens a progressé de 34,1 % passant de près de 41 millions de visiteurs à un peu moins de 55 millions en en 2019. Une croissance qui a été plus forte pour les petits musées qui ont bénéficié du succès de la gratuité chaque premier dimanche du mois instauré par Dario Franceschini : « Les dimanches gratuits, il y a plus de monde dans les musées que dans les stades de football se félicite-t-il. Ils ont apporté ensuite de nouveaux visiteurs qui reviennent et paient leur billet ce qui fait augmenter les recettes. Nous avons d’ailleurs introduit un fond de solidarité avec 20 % des recettes de tous les grands musées nationaux qui sont redistribués aux plus petits. Le travail d’innovation et de modernisation des directeurs a été extraordinaire. »

Il faudra qu’il le soit pour relancer les sept musées qui ont gagné leur autonomie suite au décret adopté en décembre dernier pour parachever la réforme de 2014. Il s’agit du Vittoriano et du Palazzo Venezia à Rome, de la Pinacothèque nationale de Bologne, du Musée archéologique national des Abruzzes, du Musée archéologique de Cagliari, du palais royal de Naples, du Musée national de Matera et du parc archéologique de Sibari. Concernant ce dernier il s’agira d’un véritable défi puisqu’il est laissé à l’abandon. Les directrices de la Galleria Borghese et du parc archéologique de Rome, qui partent à la retraite, seront également remplacées.

L’appel à candidature est ouvert jusqu’au 3 mars prochain. Un maximum de dix dossiers par institution culturelle sera ensuite étudié par une commission de cinq experts dont les noms seront prochainement dévoilés par le ministre de la Culture. La durée du mandat des futurs directeurs sera de quatre ans, renouvelable une fois. « Les directeurs étrangers ont donné de la visibilité à nos musées en les mettant au centre de l’attention et en insérant enfin l’Italie dans les échanges internationaux culturels qui existent déjà ailleurs. Quand j’ai appelé Sylvain Bellenger pour lui proposer la direction du Musée Capodimonte de Naples, il a tout de suite accepté se souvient Dario Franceschini. Je lui ai dit de réfléchir un peu car la tâche est compliquée mais il a accepté sans même demander les conditions, signe de l’importance et de la richesse de notre patrimoine. Aujourd’hui les futurs candidats savent ce qui les attendent y compris les difficultés liées à la gestion et à l’organisation. »

Pour atténuer ces difficultés, des concours pour créer 3 000 nouveaux emplois sont sur le point d’être lancés et les règles pour permettre aux directeurs de musées de recruter des consultants externes ont été assouplies. 

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