Archéologie

Une nouvelle « Vénus » paléolithique découverte en France

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 5 décembre 2019 - 370 mots

AMIENS

Une petite statuette paléolithique, de la série appelée « Vénus de Renancourt » , exceptionnellement bien conservée, a été découverte en juillet dernier dans un gisement préhistorique à Amiens, constituant un rare témoignage de l'art gravettien caractéristique des chasseurs-cueilleurs, a révélé mercredi l'Inrap.

Vénus gravetienne dite "aux cheveux" découverte à Amiens, dans le gisement préhistorique de Renancourt. © Stéphane Lancelot / Inrap.
Vénus gravetienne dite « aux cheveux » découverte à Amiens, dans le gisement préhistorique de Renancourt
© Photo Stéphane Lancelot / Inrap

Haute de 4 centimètres, avec ses attributs féminins (fessiers, cuisses, seins) proéminents, son visage sans trait encadré par une remarquable coiffe quadrillée, cette nouvelle « Vénus de Renancourt » vient faire écho aux célèbres dames à la capuche de Brassempouy (Landes, sud-ouest de la France) et de Willendorf (Autriche), aux canons esthétiques semblables, a souligné l'Institut national de recherches archéologiques préventives.

La Vénus de Willendorf - Collection NHM de Vienne
La Vénus de Willendorf - collection Museum d'histoire naturelle de Vienne (Isère)
Photo Jorge Royan

Cette statuette jugée « exceptionnelle » clôt une série de 15 statuettes découvertes depuis 2014 et le démarrage du chantier de fouilles programmées sur le site amiénois de Renancourt, un habitat de chasseurs-cueilleurs attribué à la culture gravettienne, qui s'est développée en Europe entre 28 000 et 22 000 avant notre ère. Cette nouvelle Vénus est la mieux conservée, car c'était la seule entière. L'habitat où elle a été trouvée, en juillet, se caractérise par une concentration de vestiges « parfaitement bien conservés » par le limon, à 4 mètres sous le sol actuel. « On avait jusqu'ici très peu de sites dans le nord de la France qui pouvaient se rattacher à cette période », a expliqué lors d'une conférence de presse Clément Paris, de l'Inrap, qui dirige les fouilles.

La Dame de Brassempouy, appelée aussi la Dame à la Capuche, Vénus paléolithique, c. 23 000 av. J.C., ivoire, 3,6 x 1,9 x 2,1 cm,  collection musée d'Archéologie nationale et domaine national de Saint-Germain-en-Laye - Photo Jean-Gilles Berizzi
La Dame de Brassempouy, appelée aussi la Dame à la Capuche, Vénus paléolithique, c. 23 000 av. J.C., ivoire, 3,6 x 1,9 x 2,1 cm, collection musée d'Archéologie nationale et domaine national de Saint-Germain-en-Laye

Jusqu'en 2014, seule une quinzaine de statuettes sculptées par les Gravettiens avaient été trouvées - la dernière fouille remontait à 1959. « En quelques années on a doublé le nombre de statuettes », qui sont désormais une trentaine en France, et une centaine sur toute l'Europe, des Pyrénées à la Sibérie.

A quoi servaient ces statuettes ? L'hypothèse la plus probable est celle d'un atelier d'objets fabriqués sur place, puisque les statuettes ont été retrouvées en série, comme d'autres vestiges du gisement. Que représentait-elle ? Là aussi il n'y a que des suppositions, mais le plus probable est que cette Vénus était « une expression symbolique de la femme et plus particulièrement de la fécondité », avance Clément Paris.

« C'est le genre de document que l'on va retrouver dans les manuels scolaires », estime pour sa part Dominique Garcia, le président de l'Inrap.

Cet article a été publié par l'AFP le 4 décembre 2019.

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