Royaume-Uni - Archéologie

Le British Museum va rendre à l'Irak des antiquités pillées

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 10 août 2018 - 466 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

Des antiquités, parfois vieilles de 5 000 ans, pillées en Irak en 2003 après la chute de Saddam Hussein, vont revenir dans leur pays après avoir été identifiées par des experts du British Museum, a annoncé jeudi l'institution.

Huit petits objets avaient été saisis en mai 2003 chez un vendeur de la capitale anglaise par la police londonienne, qui ne disposait pas d'informations sur leur provenance. Ils ont été confiés aux experts du British Museum. Coïncidence incroyable: une équipe du musée travaillait sur le site même où les objets ont été volés, à Tello (ancienne ville sumérienne de Girsu), dans le sud de l'Irak.

Parmi ces objets, trois cônes en terre cuite portaient des inscriptions cunéiformes indiquant le nom du roi qui les avait fait faire, et celui du dieu auquel ils étaient dédiés, en l'occurrence le roi Gudea pour la divinité Ningirsu. "Ce qui est exceptionnel, c'est qu'au moment où la police envoyait ces objets au British Museum pour les identifier, on était en train de fouiller le temple d'où ils avaient été prélevés", a raconté à l'AFP Sébastien Rey, directeur du site de Tello et conservateur. 

Sur place, les archéologues avaient récupéré des objets jetés par les pilleurs, qui s'étaient débarrassés des cônes cassés ou abîmés, avec les mêmes inscriptions, et avaient retrouvé dans les murs du temple des cônes identiques à ceux trouvés à Londres. "Nous aurions pu deviner que ces objets venaient du sud de l'Irak, mais les lier à ce site particulier, et même à des trous particuliers, c'est extrêmement rare", a souligné l'archéologue. Ces cônes ou clous commémoratifs avaient une "fonction magique", a expliqué M. Rey. Réalisés à la demande d'un roi, ils étaient enfoncés dans les murs d'un temple dédié à une divinité.

Parmi les trésors saisis par les policiers figurent une petite amulette en marbre blanc représentant un taureau et datant du début du troisième millénaire avant notre ère, un sceau cachet en marbre rouge de la même époque qui se portait en amulette et un galet de rivière poli sur lequel figure le début d'une écriture cunéiforme.

Ces objets seront formellement remis vendredi à l'ambassadeur d'Irak au Royaume-Uni, Salih Husain Ali, et seront acheminés ensuite au musée de Bagdad.  L'ambassadeur a remercié le British Museum pour ses "exceptionnels efforts d'identification et de retour des antiquités pillées en Irak". "Une telle collaboration entre l'Irak et le Royaume-Uni est vitale pour la préservation et la protection du patrimoine irakien", a-t-il dit, cité par le musée. Pour Hartwig Fischer, directeur du British Museum, qui avait dès 2003 mis en garde contre le pillage du patrimoine culturel du pays, le retour de ces objets est un "symbole des très solides relations de travail avec nos collègues irakiens développées ces dernières années".

Cet article a été publié par l'AFP le 9 août 2918.

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque