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L’attribution au Caravage se précise pour l’Ecce homo espagnol

Par Julie Goy, correspondante en Espagne · lejournaldesarts.fr

Le 24 décembre 2021 - 340 mots

MADRID / ESPAGNE

L’œuvre vient d’être déclarée « bien d’intérêt culturel » par l’Espagne, renforçant la thèse d’un tableau de la main du maître.

Le Couronnement d'épines, une œuvre du Caravage ou de l'entourage de José de Ribera ? XVIIe siècle, huile sur toile, 111 x 96 cm.
Le Couronnement d'épines, une œuvre du Caravage ou de l'entourage de José de Ribera ? XVIIe siècle, huile sur toile, 111 x 96 cm.
© Ansorena

Le ministère espagnol de la Culture, après des mois de recherches menées sur le tableau de l’Ecce homo, vient de déclarer ce dernier « bien d’intérêt culturel ». L’État s’octroie ainsi un droit de préemption dans le cas où l’œuvre serait mise en vente par ses propriétaires. 

L’histoire a débuté en avril dernier lorsque la salle des ventes Ansorena a mis aux enchères le tableau ancien pour la somme de 1 500 euros. Mais juste avant la vente, le gouvernement espagnol fait retirer l’œuvre des enchères et décrète l’interdiction de sortie du territoire, par mesure de précaution.

Cette décision est motivée par un rapport du musée du Prado comportant des « preuves documentées et stylistiques suffisantes » pour penser qu’il s’agirait d’une œuvre du Caravage (1571-1610). Le couronnement d’épines était jusqu’alors considéré comme une œuvre de l’entourage de José de Ribera (1591-1652), un disciple du Caravage. 

Depuis lors, de nombreux experts du monde entier s’accordent pour l’attribuer au maître italien. L’œuvre concorde en plusieurs points avec les caractéristiques caravagesques : le portrait psychologique des personnages, le réalisme des visages, la lumière sur le corps du Christ, le jeu rapproché des trois personnages ainsi que le dialogue avec le spectateur. 

Maria Cristina Terzaghi, spécialiste italienne du Caravage, avait ainsi défendu l’attribution au maître en s’appuyant sur des aspects stylistiques tels que « le manteau violet dont le Christ est vêtu qui a la même valeur de composition que le rouge sur la Salomé du Palais royal de Madrid ». Selon elle, c’est seulement après la restauration du tableau que l’attribution pourra être certifiée. En l’état, l’experte identifie un « coup de pinceau qui ne semble pas aussi rapide que celui du Caravage post-sicilien, mais assez proche du lyrisme de sa période napolitaine ».

Le tableau vaudrait entre 10 et 30 millions d’euros, dans un marché espagnol avec peu d’acheteurs potentiels. Si une offre venait à être formulée aux propriétaires, l’Etat devrait s’aligner sur ce prix s’il souhaite acquérir l’œuvre.  

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