Politique

Éditorial

L’État providence et les territoires

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 3 octobre 2021 - 381 mots

FRANCE

Budget de la culture.« Nous avons sauvé la culture », affirmait avec une légère emphase, Roselyne Bachelot lors de la conférence de presse de présentation du projet de budget pour 2022.

Château de Villers-Cotterêts. © Photo Benjamin Gavaudo / CMN
Château de Villers-Cotterêts.
© Photo Benjamin Gavaudo / CMN

Il serait plus juste de dire que l’État a permis aux acteurs qui travaillent dans la culture – ce n’est pas la même chose – de traverser la crise sans trop de drames, même si, ici et là, subsistent des trous dans la raquette, en particulier chez les indépendants.

Et pourtant l’annonce de ce budget hors norme n’a provoqué aucune réaction de contentement, notamment de la part des intermittents du spectacle dont les allocations ont été maintenues, alors qu’ils sont si prompts à dénoncer le moindre coup de canif dans leur régime. Il est vrai que le secteur culturel s’enflamme plus facilement pour des symboles que pour des projets de loi de finances auxquels il ne comprend pas grand-chose.

Ce n’est d’ailleurs pas complètement de sa faute, tant le ministère s’ingénie à multiplier les chiffres sans vraiment les mettre en perspective. Prenons le patrimoine par exemple, l’un des piliers de l’argumentaire de campagne d’Emmanuel Macron. 100 millions d’euros vont être dépensés en 2022 pour restaurer partiellement le château de Villers-Cotterêts, soit plus que les 80 millions d’euros (sur deux ans) pour restaurer cinquante-deux cathédrales. Rappelons, pour donner un ordre de grandeur, que la seule phase de sécurisation de Notre-Dame a coûté 165 millions d’euros. Quant au Pass culture, il va coûter au moins 200 millions d’euros chaque année, soit le double de l’Éducation artistique et culturelle. Le président tient à cet engagement, car il correspond parfaitement au mantra élyséen des « objets de la vie quotidienne ». Chaque fois qu’un ado achète un manga ou souscrit un abonnement à Deezer grâce au « Pass Macron », les parents ressentent personnellement l’aide de l’État, plus sûrement qu’une sortie au musée avec l’école.

Si la crise a renforcé le rôle de l’État providence, c’est cependant dans les territoires l’an prochain que les choses vont se jouer, ou pour reprendre les propos de la ministre, que les Français prendront conscience que la culture est sauvée. On parle ici de cette culture de proximité, constituée de milliers de festivals, salons de peinture, manifestations socioculturelles, expositions dans les petits musées, dont le financement, cette fois, repose essentiellement sur les collectivités territoriales.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°574 du 1 octobre 2021, avec le titre suivant : L’État providence et les territoires

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