Politique culturelle

Le Pass culture pour tous

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 26 mai 2021 - 537 mots

FRANCE

Testée dans quatorze départements, l’application mobile dotée de 300 euros est maintenant accessible à tous les jeunes de 18 ans résidant en France.

Nevers. Une fois n’est pas coutume, c’est Emmanuel Macron en personne qui a annoncé, dans une mise en scène calculée, le 21 mai dernier, une nouvelle mesure culturelle : la généralisation du Pass culture. Le Pass revient de loin. Après une première phase d’expérimentation dans quatre départements en 2018, il est critiqué de toutes parts, notamment par les élus d’opposition qui lui reprochent son coût et son effet d’aubaine. Mais le président tient à son Pass, l’un de ses engagements majeurs de campagne. La mise en œuvre est confiée à une société commerciale dont l’État est l’unique actionnaire, présidée par Damien Cuier, un énarque, conseiller de plusieurs ministres de l’économie, puis dirigeant de sociétés dans l’audiovisuel.

Fort de nombreuses données récoltées par l’expérimentation, la SAS Pass culture affine l’offre en essayant de prendre en compte les critiques. La principale modification concerne le montant de la bourse qui est réduit de 500 à 300 euros, sa durée d’utilisation étendue sur deux ans et la mise en place d’un « Pass light » de 40 euros par an pendant cinq ans pour les collégiens et lycéens de la 4e à la terminale. Il sera ouvert en janvier prochain. Ce « Pass light » de 200 euros est habilement présenté à l’Élysée comme une compensation à la réduction du portefeuille numérique pour les jeunes de 18 ans.

L’autre modification importante du Pass culture est le plafonnement à 100 euros des achats cumulatifs d’offres numériques (musique, film, presse), sauf pour les jeunes handicapés et les habitants de Wallis et Futuna dépourvus en lieux culturels. Curieusement, les livres numériques n’entrent pas dans le plafond des 100 euros. Il est vrai que les livres font partie des biens les plus achetés dans la phase de test. Le gouvernent tient à ce que le Pass serve sa vocation initiale qui est de favoriser la découverte de pratiques culturelles nouvelles et diverses.

L’application de géolocalisation qui est maintenant téléchargeable dans les « stores » Apple ou Google est beaucoup plus ergonomique que précédemment et s’efforce de mettre en avant des offres « en présentiel » avec des médiateurs.

Un financement encore flou

Le décret apporte des précisions sur les bénéficiaires du Pass : sans entrer dans les détails, ce sont tous les jeunes de 18 ans résidant en France qu’ils soient Français ou non, soit au minimum 830 000 bénéficiaires selon les derniers chiffres de l’INSEE. Cela devrait relancer la polémique sur le financement du Pass, car même en ne remboursant pas les offreurs numériques et en remboursant partiellement les autres offreurs, l’État doit apporter environ 160 millions d’euros selon nos calculs. Le communiqué officiel reste flou sur le financement, il faudra attendre la présentation du projet de budget 2022 (et les questions des parlementaires) en septembre prochain pour avoir le fin mot de l’histoire. D’ici là, Emmanuel Macron pourra encaisser les bénéfices d’une mesure très populaire, comme le montrait le sondage du Journal des Arts (lire le JdA n°567) : donner 300 euros à chaque jeune de 18 ans ne peut que les ravir, ainsi que leurs parents. Mais est-ce suffisant pour favoriser la diversité des pratiques culturelles ?

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°568 du 28 mai 2021, avec le titre suivant : Le Pass culture pour tous

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