Mécénat

Les 10 informations à retenir du rapport TEFAF sur le mécénat 

Par Jinane Dolbec · lejournaldesarts.fr

Le 11 mars 2020 - 744 mots

MAASTRICHT / PAYS-BAS

Le rapport annuel de la foire traite des enjeux et des changements auxquels le mécénat fait face aujourd’hui.

Entrée de la Tefaf 2020. © Tefaf
Entrée de la TEFAF 2020.
© TEFAF.

Depuis 2019, The European Fine Art Fair, publie un rapport thématique, confié cette année à l’université d’Indiana. Son rapport de l’année précédente concernait le marché de l’art chinois et son importance grandissante, tandis que celui-ci, publié quelques jours avant le vernissage de la foire, se consacre au mécénat. Parmi les 120 pages d’entretiens, de statistiques et de graphiques, voici une sélection d’informations à retenir.

1) L’importance de la philanthropie a augmenté ces dernières années

Entre 2013 et 2018, les dons privés ont augmenté de 33 % aux Etats-Unis, atteignant 428 milliards de dollars (dont 292 milliards de dollars issus de dons de particuliers). L’art et la culture ont ainsi reçu 19,5 milliards de dollars en 2018.

2) Les musées ont de plus en plus de difficultés à trouver des financements

Les musées et différentes institutions culturelles font face à un certain nombre de contraintes, particulièrement sur le plan financier, avec des coupes budgétaires importantes auxquelles le mécénat doit s’adapter. De plus en plus de services ou d’établissements publics ont l’intention de recourir au mécénat dit participatif pour financer des projets d'intérêt général.

3) La définition du mécénat est en pleine mutation

Le mécénat a considérablement changé ces dernières années, et ne peut plus être associé uniquement à des dons de particuliers ou à des fondations. Le terme recouvre désormais des modèles beaucoup plus divers, qui vont du don purement gratuit à l’apport en industrie d’entreprise. La géographie de la philanthropie évolue également, avec des institutions émergeantes en Afrique (African Cultural Fund) ou au Moyen-Orient (Arab Fund for Art and Culture).

4) La technologie influe sur le mécénat

Les nouvelles technologies permettent d’ouvrir le mécénat à un public plus large, notamment grâce à la réalité augmentée et à la réalité virtuelle, mais aussi grâce aux plateformes de crowdfundings qui encouragent les internautes à soutenir des projets artistiques.

5) Les enjeux éthiques sont de plus en plus présents

Certaines institutions rejettent désormais les dons des compagnies ou individus qui ne correspondent pas à leurs valeurs. La compagnie pétrolière britannique BP a mis un terme au soutien financier qu’elle apportait à la Tate depuis 26 ans et qui était contesté depuis plusieurs années par des associations écologiques. De même, le Louvre a supprimé le nom Sackler de son aile des antiquités orientale. Cette attitude pourrait faire émerger des mécènes plus sensibles aux questions écologiques et sociales.

6) La première motivation des mécènes est leur intérêt pour l’art

Selon l’étude menée par l’université d’Indiana, 94 % des mécènes affirment être passionnés par les arts et la culture. C’est la première raison qui les pousse à financer des projets, des institutions ou des artistes, avant même la conviction que « l’art peut avoir un impact sur notre perception du monde  » (91 %) et la volonté de participer à la « mission des organisations culturelles » (85 %). 

7) Les mécènes pensent que l’art peut changer le monde

Selon la même étude, 80 % des mécènes pensent que leurs dons auront une influence positive sur le monde, et 70 % admettent que la philanthropie leur donne un but et un sentiment d’engagement. Néanmoins, une étude d’Art Councils a démontré qu’il n’y avait aucun lien de causalité entre le développement de la culture et la justice sociale.

8) Le volontariat est au cœur du mécénat

67 % des mécènes affirment investir du temps et de l’énergie dans des actions à but non-lucratif (70 % d’entre eux issus de la génération millenial). Il s’agit de la forme la plus traditionnelle du mécénat, fondée exclusivement sur l’altruisme (à la différence des entreprises qui en tirent avantage).

9) Les jeunes mécènes ont tendance à financer les jeunes artistes

Aux Etats-Unis, 41 % des mécènes sont issus de la génération des baby-boomers, 23 % de la génération X et 14 % de la génération millenial. Ces derniers sont ceux qui ont le plus tendance à soutenir de jeunes artistes émergents. Cette génération tient une place encore minoritaire, mais les transferts de richesse à venir devraient provoquer des changements dans le paysage culturel.

10) Les mécènes ont toujours existé

Le rapport TEFAF met aussi en lumière la tradition du mécénat, depuis les commandes royales de Gudea en Mésopotamie ou celles de pharaons égyptiens, jusqu’au rôle de l’Eglise au Moyen Âge, en passant par la célébration des empereurs romains via l’art du portrait. C’est à la Renaissance, considérée comme l’âge d’or du mécénat, qu’émergent les figures de Laurent de Médicis et de Hercule Ier d’Este en Italie. La définition du mécénat n’a cessé d’évoluer depuis.

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