Royaume-Uni - Foire & Salon

La foire 1-54 témoigne de la maturité du marché de l’art contemporain africain

Par Alexia Lanta Maestrati · lejournaldesarts.fr

Le 8 octobre 2018 - 609 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

Au coeur de Londres, dans la prestigieuse Somerset House, la 6e édition de la manifestation a plus que doublé son nombre d’exposants.

Ibrahim El-Salahi Meditation Tree 1-54 Somerset House 2018
Ibrahim El-Salahi, Meditation Tree, installlée dans la cour de la Somerset House lors de la foire 1-54 Contemporary African Art Fair, octobre 2018
Photo Alexia Lanta Maestrati pour Le Journal des Arts

« Certains artistes ont vu leur cote augmenter de 70 % à 80 % depuis qu’ils ont commencé à montrer leurs oeuvres à la foire, jusqu'à 150 % pour certains. Ils commencent à avoir les prix et la visibilité qu’ils méritent depuis longtemps » explique Touria El Glaoui, directrice de 1-54 au Journal des Arts. La foire 1-54, en parallèle de la Frieze a encore une fois  montré le dynamisme de Londres pour cette scène non plus émergente mais belle et bien confirmée . 

Dès l’entrée, dans la majestueuse cour de la Somerset House, trois arbres d'inspiration soudanienne, Meditation Tree (entre 125 000 et 195 000 £), de la vedette du marché Ibrahim El-Salahi accueillaient le visiteur. La fondation tunisienne Kamel Lazaar qui a participé au financement du projet, a d’ailleurs fait l’acquisition de l’un d’eux. La foire, composée de trois ailes, dans un édifice labyrinthique non sans charme, présentait un savant mélange de galeries du continent et européennes. Mais comme dans toutes les foires, dans les allées, des oeuvres de qualité très inégales se succèdaient. Ce sont les ailes West et East qui rassemblaient les plus belles propositions artistiques, ou artistes de grands noms comme Yinka Shonibare, Bodys Isek Kingelez ou Esther Mahlangu, qui côtoyaient les oeuvres d’artistes plus émergents comme les grands formats colorés inspirés des photographies de famille de Joy Labinjo (Tiwani Contemporary) ou les coques de bateaux sur le modèle de masques traditionnels africains de LRVandy. 

La Vigo Gallery, qui participait également à Frieze Masters, montrait des artistes de renom, objets de belles ventes, à l’instar de Zak Ove, acquis par la collectionneuse new-yorkaise Beth De Woody. Pour son directeur Tobey Clark, qui se définit d’abord comme un marchand d’art contemporain, l'étiquette d’art contemporain africain offre une « belle visibilité », c’est « du marketing » avoue-t-il. L’aile East rassemblait les galeries françaises. La galerie Magnin-A, qui ouvre un nouvel espace de 300 m2 à Oberkampf au moment de la Fiac, a participé à toutes les éditions d’1-54, et sur tous les continents (Londres, New York et Marrakech). Pour cette édition il montrait entre autres des sculptures de Romuald Hazoumé, des photographies d’Omar Victor Diop ou encore des collages de Nathalie Boutté.  « Cette année,  il y a un vrai effort de scénographie, accompagné de nouvelles galeries qui pour certaines n’avaient pas l'habitude de s'intéresser à l’Afrique ». Parmi ces dernières, l’arrivée de Nathalie Obadia, qui participe aux grands rendez-vous de l’art contemporain, a été particulièrement remarquée. Pour la galeriste, qui présentait une exposition personnelle du photographe égyptien Yousseff Nabil, les ventes furent « correctes, 1-54 est très bien pour rencontrer des collectionneurs et des curators spécialisés en l’art africain. C’est un public averti et connaisseur qui vient visiter cette foire ». La Galerie Anne de Villepoix montrait les œuvres de Derrick Adams et de Franck Lundangi avec au centre de leur stand une sculpture du jeune togolais Ferdinand Kokou Makouvia. Au-dessus du bureau de la galeriste, une toile du sénégalais Omar Ba, l’artiste « chipé par Daniel Templon. Cette toile, nous la vendions 15 000 euros, désormais nous nous calons sur Templon qui a fait grimper les prix à 30 000 euros », témoignant de l’engouement général pour les artistes du continent. 

Anne de Villepoix, comme Magnin-A, participeront à la foire d’art contemporain africain de Paris Akaa, qui tiendra sa 3e édition du 9 au 11 novembre au Carreau du Temple, mais « Akaa est une jeune foire, avec une proposition d’artistes beaucoup moins établis qu’à 1-54 » commente la Galerie Anne de Villepoix. 
 

INFORMATIONs

6e édition de 1-54, du 4 au 7 octobre 2018, Somerset House, Londres, Royaume-Uni
1-54.com

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