Maroc - Foire & Salon

Touria El Glaoui : « Marrakech, hub de l’art contemporain africain »

Par Stéphane Renault · lejournaldesarts.fr

Le 23 février 2018 - 659 mots

MARRAKECH / MAROC

La première édition en Afrique de 1-54 Contemporary African Art Fair, dirigée par Touria El Glaoui ouvre aujourd’hui à La Mamounia.

Touria El Glaoui à La Mamounia à Marrakech à l'ouverture de la foire 1:54
Touria El Glaoui à La Mamounia à Marrakech à l'ouverture de la foire 1:54
Photo Stéphane Renault pour LeJournaldesArts.fr

Pourquoi avoir choisi Marrakech pour cette première édition africaine de la foire d’art contemporain 1-54 ?
Je cherchais une destination susceptible d’attirer à la fois les gens en provenance de l’Europe, des Etats-Unis mais aussi d’Afrique et assez attractive pour donner envie de découvrir l’art contemporain africain. D'un point de vue logistique, Marrakech est bien située sur le continent africain que j’ai traversé de long en large en travaillant sur mes foires précédentes à Londres et New York. Marrakech a aussi une histoire que j’apprécie en tant que Marocaine. Cela a toujours été une ville au cœur de la religion mais aussi des traditions et d’une vie économique. Aujourd'hui, grâce à la Biennale de Marrakech, tout un écosystème d’art contemporain se développe ici, l’artisanat y côtoie le volet contemporain. J’avais besoin pour une foire qui représente les artistes africains et la diaspora africaine d’avoir un pied en Afrique. Je le savais depuis le début. Dans mon ambition folle, je souhaitais créer une foire « tricontinentale ». C’était à mes yeux très important d’avoir deux villes qui allaient permettre l’accélération de la visibilité pour les artistes du continent. Mais ensuite, une fois gagnée un peu plus de visibilité pour eux, pouvoir lancer une foire en Afrique.

Comment se porte le marché de l’art au Maroc ?
Le marché de l’art au Maroc est très fort mais comme dans tous les pays du monde, les Marocains collectionnent d’abord de l’art marocain. En France, on commence aussi le plus souvent par ça, en Angleterre pareil. Nous avons de très bons collectionneurs ici. Je suis partie du principe que les collectionneurs sont des gens très curieux et qu’il y avait des possibilités de les convertir ou de leur faire découvrir de l’art contemporain africain. Je suis la fille d’un artiste, je connais des collectionneurs marocains. Mais je voulais aussi choisir une ville où je savais que je pourrais « subventionner » ces ventes avec des collectionneurs étrangers qui feraient le voyage à Marrakech. Nous avons en outre aujourd'hui un certain nombre de personnes qui nous suivent à Londres, à New York, que j’étais sûre de pouvoir convaincre de venir voir cette édition à Marrakech.

Il y a eu des tentatives précédentes de foires qui n’ont pas perduré à Marrakech. Capitaliser sur les acquis de 1-54 à Londres et New York est-il pour vous un gage de réussite ?
On parle beaucoup de cette foire qui s’est effectivement arrêtée, mais non faute de succès, pour des raisons tout à fait autres. Tous les gens qui y ont participé en ont gardé de très bons souvenirs. La situation est aujourd'hui très différente. La Biennale, qui a enthousiasmé les gens depuis des années, a permis un certain intérêt pour la scène contemporaine ici au Maroc. L’attente et les gens sont là. Mais le résultat des courses est toujours à l’arrivée. Nous verrons à la fin de la foire. Chaque foire trouve un positionnement bien à elle. A Londres, nous réussissons à attirer un grand nombre de galeries du monde entier. A New York, nous avons davantage de galeries américaines qui participent et une autre audience, plus américaine et afro-américaine. Ce ne sont pas automatiquement les mêmes collectionneurs qui viennent à New York et à Londres. Il y a dans la foire à Marrakech environ 30 % d’artistes nord-africains, que nous avons moins à Londres et à New York car ils font d’autres choix. Ils sont à Paris, sur d’autres foires… Au Maroc, nous sommes francophones et attirons beaucoup plus un marché français, belge, des collectionneurs de pays francophones africains. C’est intéressant de voir pour cette première édition comment Marrakech se positionne comme ville francophone. Nous cherchons partout à donner une plus grande visibilité aux artistes du continent. J’ai beaucoup d’espoir que Marrakech puisse devenir le « hub » de l’art contemporain africain pour le continent.

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