Foire & Salon

FOIRE D’ART AFRICAIN

Akaa, une seconde édition décevante

Par Magali Lesauvage · Le Journal des Arts

Le 15 novembre 2017 - 507 mots

PARIS

La foire tournée vers l’art contemporain et le design africains déçoit par sa sélection très inégale.

Paris. Qu’est-ce que l’« art contemporain africain » ? Interrogée l’an passé à l’occasion de la première édition de la foire AKAA (Also Known As Africa), Catherine David, directrice adjointe du Musée national d’art moderne chargée de la « mondialisation », avait répondu que cela n’existait pas. La conservatrice parlerait plutôt de scènes locales identifiées, comme celles de Kinshasa, Lagos ou Le Cap. Si en France une série d’événements récents (focus africain à la foire Art Paris, expositions « Art/Afrique, le nouvel atelier » à la Fondation Louis Vuitton et « Afriques Capitales » à la Villette) montre un réel engouement pour les œuvres des artistes provenant du continent africain, rappelons que les expressions et les enjeux diffèrent, de Tanger à Harare, d’Addis Abeba à Douala. Argument marketing « essentialisant » selon les uns, prolongement d’une réelle dynamique selon les autres, l’art contemporain africain représente en tout état de cause un marché, auquel la foire Akaa, sur le modèle de la foire de plus grande envergure « 1:54 » (Londres, New York et bientôt Marrakech) entend faire accéder les collectionneurs parisiens.
 

Un « auto-exotisme »

Au premier jour de l’ouverture au public, le 10 novembre, tandis que Paris Photo battait son plein au Grand Palais, les couloirs du Carreau du Temple semblaient assez calmes, après une journée professionnelle chargée. Une ambiance presque maussade sensible chez les galeristes, qui pour la moitié d’entre eux faisaient leur première apparition sur la foire, comme le Sud-Africain Christiaan Barnard (Le Cap), venu tester le contexte français après sa participation à 1:54. Force est de constater que la sélection des 38 exposants (dont quatre spécialisés dans le design) fut cette année assez inégale, et témoigna du défaut majeur relatif à ce type de sélection ethnocentrée : celle d’un « auto-exotisme » sensible dans un grand nombre d’œuvres, répondant aux clichés associés à l’Afrique.

Quand certains en jouent délibérément avec humour, telle Alice Oppong avec sa robe en longues tresses exposée par Artco (Aix-la-Chapelle), d’autres, comme Malala Andrialavidrazana ou Katia Kameli, soulignent sur le mode du collage les ressorts d’une culture postcoloniale brouillée : la première, dans la série de grands assemblages d’images « Figures » (8 500 €) présentés chez 50 Golborne (Londres), la seconde avec ses miniatures retouchées (3 000 € chacune) et ses masques issus du projet « Stream of Stories » (L’agence à Paris). Chez Catinca Tabacaru (New York et Harare, au Zimbabwe), la même volonté de brouiller les pistes transparaît dans le projet de performance au long cours mené par un couple, l’Israélienne d’origine russe Rachel Monosov et le Zimbabwéen Admire Kamudzengerere, documenté par une série de 16 photographies (affichées 2 000 à 5 000 €), déjà acquise par le Block Museum d’Evanston (Illinois).

Akaa a su par ailleurs montrer quelques valeurs sûres, comme Frédéric Bruly Bouabré et ses petits dessins proposés à 700 euros pièce chez Polysémie (Marseille), ou Naomi Wanjiku, dont les lés de métal oxydé (19 500 € les deux) étincelaient sur le stand de l’October Gallery (Londres), l’une des seules à faire preuve d’un véritable standing.

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°489 du 17 novembre 2017, avec le titre suivant : Akaa, une seconde édition décevante

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